Tout le monde le sait, il y a à boire et à manger sur Netflix, la chaîne américaine de streaming n'hésitant pas à produire des séries et des films à coups de millions avec des résultats disparates. Don't Look Up fait partie des bonnes productions Netflix grâce à un scénario aussi subversif qu'ingénieux passant au vitriol la société américaine post Donald Trump. Le message est clair, les USA sont à la dérive, la forme a pris le pas sur le fond et la vérité n'intéresse plus personne, seul compte le profit et l'abrutissement des masses par l'idéologie consumériste. Le casting brille par ses nombreuses vedettes (Leonardo DiCaprio en scientifique largué, Jennifer Lawrence en étudiante rebelle, Meryl Streep en clone de Trump aussi stupide que cynique, Cate Blanchett méconnaissable en présentatrice narcissique et méprisante, Ron Perlman en astronaute décérébré, Ariana Grande en pop star suffisante ou Thimotée Chalamet en skateur mystique lunaire) mais aussi par une réalisation ambitieuse exploitant de nombreux effets spéciaux pour mieux mettre en lumière l'absurdité de la catastrophe que vivent des protagonistes impuissants ou inconséquents. Je tiens d'ailleurs tout spécialement à souligner la prestation désopilante de Mark Rylance en Elon Musk à la fois terrifiant et profondément grotesque que tout le monde suit comme un mouton alors qu'il mène le monde à sa perte en toute désinvolture. Néanmoins le film n'est pas parfait et si le premier et le dernier tiers se révèlent remarquablement écrits et mis en scène, il y a un ventre mou au milieu du récit qui l'alourdit inutilement faisant traîner l'histoire au travers de sous-intrigues peu intéressantes. Au final Don't Look Up est une bonne pioche, un bonbon acidulée qui raconte une Amérique en perte de repères et de valeurs incarnée par un ensemble de personnages aussi pathétiques que veules et malgré quelques longueurs qui nuisent à son rythme, représente une des meilleurs satyres dystopiques que j'ai pu voir depuis The Truman Show en 1998. À méditer.