C’est désormais devenu la mode dans les films de super héros, le terme « multivers » est désormais rentré dans notre vocabulaire et sert autant aux délires et mèmes internet qu’aux hypothèses complotistes et récits tirés par les cheveux. Le multivers se définie comme « l’ensemble de tous les univers possibles » même si dans les faits, cela ne repose que sur des spéculations et fantasmes qui soulèverai la capacité de pouvoir remonter le temps (une thématique par ailleurs soulevée dans Interstellar) mais surtout d’une croyance presque ésotérique que ne peuvent absolument pas mesurer nos constances physique. Mais allez savoir, après tout je n’y connais rien, dans ce monde connu je ne suis qu’un simple prolot qui passe ses soirées à pianoter sur son PC pour donner ses avis sur des films à oscars comme Everything Everywhere All at Once. La presse journalistique et la génération woke gavé à la pop-culture ne pouvait qu’encenser une œuvre aussi désinvolte et généreuse d’autant plus quant elle possède l’intelligence de cocher toutes les cases progressistes admises afin de rafler tous les prix, puisqu’elle traite de sujets brûlants comme le droit à la différence et son acceptation, une donnée encore compliquée de nos jours vis à vis de l’orientation sexuel d’un enfant.


Qu’est-ce qu’on est mauvaise langue, nous les cinéphiles réfractaires qui n’ont rien compris au film des Daniels, et pourtant… dans le fond, c’est bien la même tambouille que chez Marvel, on nous dispense des mêmes leçons de morale avec ce drame familiale très intimiste en célébrant la consécration d’actrices et d’acteurs sur le retour de manière à les remercier pour tous ce qu’ils nous ont apportés par le passé et soulager ce sentiment de culpabilité à leur égard. Demi-lune ne sera plus jamais le sobriquet d’Indiana Jones mais un mari tendre et charmant ressemblant comme deux gouttes d’eau à Jackie Chan avec le temps. Non ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ce n’est pas moi qui dit que les bridés se ressemblent tous, je n’ai aucun crédit pour cela. L’histoire partait pourtant sur de bons rails, dans le portrait dressé d’Evelyn une mère incapable d’accorder de la reconnaissance à sa fille lesbienne, ni même de dialoguer sereinement avec son mari qui souhaite secrètement lui demander le divorce. Lassée du cadre de sa laverie et désormais persécuté par une inspectrice des impôts qui lui reproche assez justement de faire passer des notes de frais perso dans son boulot, Evelyn n’est plus très loin de devenir dingo. Puis arrive l’alter égo de son mari pour la tirer de cette dépression nerveuse, et lui demander son aide pour sauver le multivers d’une entité (une autre version de sa fille) cherchant à semer le chaos, ce que l’on pourra librement interpréter comme une subtile forme de déni filant la parfaite métaphore qui nécessiterai de resserrer les liens familiaux pour en venir enfin à bout. Ça c’est grosso modo le scénario, avant que n’intervienne la brusque rupture de ton faisant référence à l’univers des sœurs Wachoski qui étaient autrefois des frères et le sont certainement encore quelque part dans un autre univers. Après tout, on voit des choses assez dingue dans ce film, notamment une dimension où les gens ont des knacki à place des doigts et une autre encore plus folle avec des femmes à bite, des hommes avec des seins, des personnes en crise d'identité qui ne s'assimilent à aucun genre, quand ils ne se prennent pas carrément pour des animaux, oh wait… mais c’est notre univers ça !


Everything Everywhere All at Once dispose d’un mille-feuilles scénaristique pour le moins généreux lui permettant de multiplier les univers, retournements de situations, séquences d’actions survoltés et twists scénaristique visant à redynamiser constamment le récit si ce n’est que ça donne la désagréable sensation de se faire secouer dans une essoreuse ce qui dans le cadre d’une laverie est assez fort de propos. Cette boulimie filmique trouve néanmoins un intérêt dans ses transitions et l’exemplarité de son montage. Mais c’est justement dans ce trop plein rutilant, bruyant et tout bonnement excessif qu’il trouve ses limites, les mêmes qu’atteignent généralement les autres films super-héroïques voulant paradoxalement nous en mettre plein la vue en banalisant de concert des scènes vertigineuses et grandioses. Même si on voit une chinoise utiliser des godemichets comme tonfa ou bien un chauve s’enfoncer un plug annale, ce qui je dois bien l’admettre n’est pas le genre de choses que l’on voit tous les jours dans les films à Oscar. Reste une poignée éparse de bonnes trouvailles drôlatique comme le délire de Raccacoonie, voir même quelques rapports parfois émouvants même s’il convient de toucher au problème majeur de ce film au concept anarchique qui voudrait s’affranchir de toute règle. Dès lors, il devient difficile de ressentir une quelconque empathie, du suspens ou même de trouver une forme de cohérence dans ce barnum bordélique qui aura peut-être le don comme avec moi de vous faire sortir du métrage en partie à cause de ses innombrables références à la pop-culture que l’on réajuste à sa convenance ce qui est aussi le propre du wokisme que de faire dans la révisionnisme, mais surtout à cause de ses nombreux enchevêtrements s’imbriquant les uns des autres comme une matriochka et ce qui permet surtout d’aligner les money shot sans véritable raisonnement, simplement parce qu’on peut se le permettre surtout si ça peut impressionner les gens comme avec Inception.


En définitive, le programme est cousu de fil blanc, un comble pour un film hors norme se vantant de ne rien faire comme tout le monde. Les problèmes familiaux sont universelles et finiront par se régler à grand renfort de sentiments. Everything Everywhere All at Once finit rapidement par devenir écoeurant dans sa tentative de concilier plusieurs genres pour contenter les fans de cinéma indépendant mais surtout un public qui n’a d’attrait que pour les blockbuster spectaculaires de chez Marvel. C’est aussi le problème avec la Théorie d’Everett qui arrange quand même bien le travail des scénaristes puisqu’il permet de justifier n’importe quoi en ouvrant un champ des possibles qu’on étend vers l’infini et l’au delà. Ça vous emmerde que je dise du mal de votre coup de coeur de l’année ? N’est ce pas ? Allez va dans le fond c’est quand même pas si mal que ça même si on l’aura oublié dans 3 mois. Moi le bagel je le préfère dans mon assiette assaisonné d’une seul herbe et de la bonne. Mais je suis certain qu’une autre version de moi-même à du adorer ce film et qu’une autre doit s’en battre les couilles complet et mène probablement sa meilleure vie loin de toutes ces conneries.

Le-Roy-du-Bis
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le 10 janv. 2024

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