A moins d'être de ces personnes que le concept même d'amour irrite et qui voient la monogamie comme une abbération sociale, on trouve presque toujours quelque chose à sauver d'une comédie romantique. Un personnage secondaire original, une jolie B.O., une alchimie entre les deux acteurs vedettes, une scène rigolote bref un petit détail qui fait relativiser le temps passé devant un film qu'on a plus ou moins déjà vu 100 fois.

Je cherche toujours pour ma part ce détail dans Sweet Home Alabama, romance d'une profondeur comparable à celle d'un bassin à poissons rouges à coté de laquelle La Rupture de Peyton Reed semblerait égaler La guerre des Roses de Danny DeVito.

A défaut d'intelligent ou de novateur, le scénario de départ était pourtant prompt à créer les situations comiques : le divorce qui n'est souhaité que par une moitié du couple aurait en effet pu générer de savoureux dialogues, un cruel duel verbal en lieu et place duquel chaque réplique tombe ici à plat.

De même que la rencontre de deux univers était propice à faire rire sur le thème "choc des cultures", si elle n'était pas survenue à 10 minutes de la fin, et si les univers en question n'étaient pas caricaturaux jusqu'à la nausée (New York, ambitieuse, scintillante mais forcément corrompue versus le Sud, un rien bouseux, simpliste mais évidemment sincère).

Les personnages sont donc taillés (au burin) sur mesure pour une histoire dont le dénouement ne laisse absolument aucun doute, désespérément unidimensionnels, comme si au lieu d'écrire leur personnalité, on leur avait juste apposé un adjectif, les rendant tout à fait irréels (la bonne conduite jusqu'au-boutiste du personnage de Dempsey devient irritante au possible).

Enfin, comme si être ennuyeux à mourir ne suffisait pas à nous achever, Sweet Home Alabama se paie le luxe de véhiculer, sous ses allures d'insignifiante comédie, une idéologie vaguement nauséabonde, à la limite de la misogynie, prônant le mode de vie sudiste dans ce qu'il a de moins glorieux (républicanisme extrémiste, entre autres), suggérant que l'ambition fait forcément pourrir l'âme (vilains politiciens arrivistes !) et flinguant tout au long des deux heures la moindre inspiration à l'indépendance de son héroine. "Tu peux avoir des racines *et* des ailes !" lui sussure le premier mari (forcément le bon).

Le film se contentera d'avoir des racines, solidement ancrées dans les valeurs les plus réac's de l'Amérique, tandis qu'il s'acharnera à couper les ailes de Reese Witherspoon, qui du coup ne pourra faire décoller ce navet malgré toute la bonne volonté qu'elle y insuffle. Sad Home Alabama.


Bonus : les heureux propriétaires du DVD sont invités à regarder la fin originellement prévue, d'une bêtise hallucinante, commenté par un Andy Tennant qui ne semblait pas s'en être rendu compte avant la projection test. La cerise sur le gâteau.

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le 13 août 2010

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Julie_D

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