En fouillant les archives de l’ex Union Soviétique, nous venons de faire une découverte capitale qui devrait enfin permettre de remonter les origines du Found Footage que l’on avait jusque là attribué à tort au Projet Blair Witch. Ce film de propagande devrait donc envoyer valdinguer toutes vos certitudes concernant le sujet. Tout était déjà là : les jump-scare opportuniste, les effets racoleur, la saturation du son, la caméra tremblante. Visiblement il y a des choses qui ne changent pas, et nos ancêtres ne savaient pas non plus comment tenir une caméra. Nous voilà donc face au nouvel avatar d’un genre qui ne finit plus de se métamorphoser pour nous vendre de nouvelles expériences conceptuelles. On songe à Pyramide, Area 51, Apollo 18, quelques enregistrements authentiquement imparfaits qui dispose d’un environnement systématiquement atypique, mais qui ne font qu’aligner les pires tares possible de ce type de dispositif qui ne sert au final que de prétexte et permet d’économiser sur les frais de production. Frankenstein’s Army est le cas concret d’un film qui aurait pu prétendre à devenir une excellente série B si le projet avait pu bénéficier d’une plus grande envergure. Il faudra donc accepter de mettre votre incrédulité de côté de voir une caméra 16mm avec micro intégré filmer l’action, ce qui même pour le docteur Frankenstein semble paradoxalement assez visionnaire pour son temps, mais on ne s’étonnera de rien dans ce récit science-fictionnel qui convoque les délires bis de la nazisploitation. où les cadavres de nazis lui permettent d’en faire des cyborg serviles bardé d’armes de destructions massives.


On suit donc une escouade russes à travers le front de libération à la manière d’un vieux reportage de guerre. Les bidasses sont courageux, vaillants, souriant, entreprenant et ne recule devant rien pour arriver à leurs fins. Un travail de représentation avant tout qui sera très vite écorné à mesure de leur avancée car si ce n’est pas l’argent, ce sont bien les médailles et la reconnaissance de la nation qui font sortir les cocos du bois. Il s’agit donc avant tout de faire bonne figure et d’aider les populations les plus démunis ou de traiter convenablement les prisonniers ennemies que l’on imagine abattu d’une balle à bout portant une fois la prise enregistrée. La première partie constitués d’affrontements et d’errements ne vise principalement qu’à introduire des personnages stéréotypés qui parlent anglais avec un accent russe à couper au couteau ce qui n’aidera évidemment pas à donner le change sur la crédibilité de l’ensemble si ce n’est que le choix de tourner dans des ruines et décors dévastés est à saluer. De guerre lasse, on se résigne assez rapidement quant au choix totalement perfectible de ce format de mise en scène qui ne permet jamais de partager les peurs et préoccupations de ces soldats destinés en chair à greffon, si bien que les premiers bâillements se manifesteront plus rapidement que les débordements tant attendues. L’intérêt s’élève à l’approche d’une église servant de laboratoire secret aux expérimentations du Docteur Frankenstein qui souhaite réconcilier les deux blocs en raccommodant les membres et cerveaux des deux camps opposés afin de créer le cobaye parfait, tout en laissant libre cour à ses excentricités.


On découvre ainsi tout une galerie de monstres dans des couloirs claustro digne d’un jeux vidéo, on pense d’ailleurs souvent aux délires récréatifs de Wolfenstein 3D. Mais ces séquences tirent trop en longueur et dévoilent tous les artifices de ces cosplay, ce qui suscite autant d’admiration pour le travail accomplit que l’embarras face au ridicule achevé de certaines situations qui dans des mains plus expertes auraient certainement pu convoquer la terreur. Le film parvient néanmoins à sortir un peu la tête de l’étau grâce à un bestiaire extraordinaire où les Big Daddy de Bioshock affublés de croix gammée côtoient les cohortes suréquipés de La Bridage des Loups ainsi qu’une multitude de créatures biomécanique aux look parfaitement hétéroclites qui possèdent des outils avantageux en temps de conflits tel que des marteaux et faucilles greffé à la place des mains et pas mal d’autres attributs non moins spectaculaire (tête d’hélice, ou de marteaux piqueurs) mais ce qui leur confère également une lenteur d’inertie qui limite finalement la menace surgissant à l’écran. Les influences sont multiples, et on ne s’étonnera pas de voir un ED-209 première génération rouiller en paix sur une étagère. Les décors glauque tel que la chaîne de production permettent de renforcer la dimension cauchemardesque du film appuyé par des baquets de viscères, d’amputations, de cadavres ambulants et de débordements gore qui nous ramène au bon vieux temps des années 80. À noter que Timo Tjahjanto reprendra la même idée dans un sketch de l’anthologie VHS 94 avec moins de créativité mais un peu plus de réussite. C’est d’autant plus dommageable et décevant d’avoir cumulé autant de points forts pour se vautrer dans la fange d’un mauvais Found Footage. Une médaille d’horreur qui permet au moins de sauver l’honneur.

Le-Roy-du-Bis
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le 19 déc. 2023

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Le Roy du Bis

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