Gojoe
6.3
Gojoe

Film de Sogo Ishii (2000)

Pas si accessoirement que cela, Gojoe est une magnifique preuve que Ryuhei Kitamura est un gros naze. Il suffit de comparer son Azumi avec Gojoe pour faire la différence. Pour un retour inespéré et respectueux au genre phare du cinéma japonais, Sogo Ishii délivre un film sombre et baroque à l'ambiance bien huilée complétée par un cast et des personnages charismatiques (Hey Kitamura ! EUX ont du charisme...). La mise en scène entière, travaillée et brute, y est très réussie tout comme la photo et les costumes réalistes et somptueux. En revanche, les combats sont en majorité illisibles et filmés avec les pieds. Un style de combat rapide typiquement chambara allié aux nouvelles attirances envers les gros plans fouillis palliatifs (cachons les acteurs qui ne savent pas trop se battre) qui ne transmettront jamais la classe des illustres ancêtres ou la fureur chorégraphique d'un The Blade Hongkongais. Le combat final débute avec force et une bonne dose d'attente qui fait monter la sauce mais là encore, les entrechoquements de lames en gros plans sont loin de (me) convaincre totalement. Il y a aussi une sorte de redondance des deux combats principaux qui fait que la dernière demi heure a un peu plus de mal à relancer la machine qui semblait presque avoir tout dit au bout d'une heure. Reste que la version sortie chez nous est amputée au minimum de 40 minutes comparée à l'original de 138 minutes ce qui peut expliquer ce soubresaut de dernière demi heure et rend légitime une bonne gueulante auprès des producteurs.

Mis à part ces deux bémols, le récit dense et direct offre un bon rythme constamment balancé entre l'observation réciproque et incisive des deux opposants principaux qui évoluent subtilement et gagnent ainsi petit à petit en puissance pour un duel final bien chargé en rage. Entre les démons tueurs impassibles bien habités d'un côté et un faux air d'exorciste japonais de l'autre, les rites occultes et autres confrontations d'énergie spirituelle, tous très réalistes font une bonne partie de la saveur d'un film pointilleux. Au côté de l'ambiance historique réussie de conflit entre les Heike et les Genji, les moments de croyances profondes en bouddha et aux démons, dynamitées par le toujours grinçant Ishii, cimentent une atmosphère oppressante très particulière. Gojoe offre donc un spectacle ténu avec une véritable ambiance baroque et deux guerriers tourmentés comme on en a plus vu depuis longtemps. Mention aussi à la musique (percussions / infrabasse) puissante à souhait. Il manque cependant un petit quelque chose pour porter le final vers une véritable apothéose (peut-être les 40 minutes coupées...), notamment à cause du début de la dernière demi heure qui baisse un peu en intensité et cette manie de faire des travellings épileptiques avec de grosses focales illisibles pour faire staïle.
drélium
7
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le 30 oct. 2010

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drélium

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