"Good kill" : Andrew Niccol manque sa cible

Good Kill part d’une bonne idée, condition nécessaire mais apparemment pas suffisante pour réaliser un bon film. Louable était pourtant l’intention : représenter la «guerre contre la terreur» menée par les USA en Afghanistan afin de mieux en dénoncer les absurdités est un pari ambitieux.


Mais voilà, un film ne répond pas aux mêmes mécanismes qu’une dissertation : si l’ossature de la démonstration est bien présente, Good Kill manque cruellement de ce qui aurait pu lui donner vie, à savoir l’incarnation de ses idées. Tout est un peu superficiel, de l’épaisseur psychologique des personnages jusqu’aux détours simplistes de l’intrigue. Et pourtant, ce n’est pas faute de prendre son temps : le film est d’une longueur étiraaaaaaante, comme l’atteste l’assoupissement de ma voisine lors de la projection.


Le pitch : un militaire nostalgique de l’époque où on faisait vraiment la guerre se met à douter de plus en plus de la moralité des ordres qu’il reçoit et sombre dans une spirale dépressive (Vodka au réveil + femme délaissée, rien de bien novateur au compteur).


Le problème est que les personnages n’expérimentent quasiment aucune variation psychologique au cours du film : du début à la fin, Tommy/Ethan Hawke est malheureux, sa femme lui fait la gueule, son patron doute de la légitimité des ordres mais obéit, en bon militaire qu’il est. Du coup, on ne peut même pas se consoler de la lenteur du film en scrutant ou s‘attachant à ses caractères.


Résultat : par moment, tu bailles en continu.


Néanmoins, on n’ôtera pas au film sa réalisation soignée ainsi que ses trouvailles visuelles, notamment dans la manière d’établir un parallèle entre l’aridité commune à la vie ici (Las Vegas) et là-bas (en Afghanistan). Avec brio, Niccol filme successivement les villages survolés par les drones et la banlieue pavillonnaire où (sur)vivent les militaires.


Alors que le film se traîne tout du long, la fin est beaucoup trop vite expédiée, mettant un terme au malaise de son personnage principal par une vengeance calculée et expiatoire. La boucle est bouclée, l’idéal de justice américain lavé et la conscience du héros sauvée. Ouf.

de_cosa
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le 10 avr. 2015

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