Retrouver un lieu qui convie un autre film majeur de son auteur, Et là-bas, quelle heure est-il ? (2001) rappelle toujours de bons moments de cinéma, mais ici l’heure n’est pas à la fête. On assiste à une veillée funèbre, le dernier soir d’un cinéma de quartier. Un dernier soir pluvieux avant l’extinction des feux et des projecteurs. Un bâtiment vétuste et délabré qui porte avec lui les stigmates du temps, passé-présent. Ici, le film passé se joue au présent. Et deux des acteurs passés (quels acteurs !) portent avec eux une époque qu’ils ramènent dans notre présent. On peut donc parler de dernier hommage avant que la page ne se tourne à jamais. Ce lieu devient alors synonyme de nostalgie et de souvenirs par lequel Tsai Ming-liang interroge et interpelle notre rapport au cinéma.


Dans ce Goodbye, Dragon Inn, jamais Tsai Ming-liang n’avait usé d’une telle épuration et de moyen en tirant des plans-séquences d’une esthétique incroyable de la lenteur. Le superlatif « Beauté » pourrait résumer à lui seul la mise en scène du cinéaste. La manière dont il opère la découverte de chaque mètre carré du vieil établissement de cinéma est d’une ahurissante efficacité. Chaque cadre, la profondeur de champ sont d’une puissance et renforcent l’atmosphère toute spéciale qui flotte dans l’air ambiant. L’auteur fait de ce Goodbye, Dragon Inn l’une de ses œuvres les plus aboutis visuellement parlant.


A travers Goodbye, Dragon Inn, Tsai Ming-liang adopte une volonté militante. Il lance un cri de désespoir sur la situation actuelle du cinéma taïwanais face à la concurrence rude de Hollywood et de ses films qui se visionnent dans des multiplexes, et laissant peu de place aux films non marquetés. Il y dénonce un pan du cinéma taïwanais qui disparaît à mesure que le temps passe et nous laisse un message des plus pessimiste. Oui, l’avenir cinématographique ne nous réserve rien de bon…


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le 6 déc. 2014

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