Intouchables ou lorsque des gens s'amusent à réécrire une vraie Histoire!

Intouchables. Ou l'incroyable histoire (vraie puis fausse) d'un noir (qui est en fait un arabe) qui aide un tétraplégique à se sortir de la solitude et oublier pour un temps son handicap.

L'histoire est belle, émouvante... un vrai sentiment de nationalisme français naquit de ce film. D'ailleurs, le principal acteur, Omar Sy, a reçu une récompense à l'issue de ce dernier.

Alors qu'est-ce qui ne tourne pas rond?

Déjà, à la fin du film, les spectateurs verront ou ont vu les véritables visages de ceux qui ont inspiré le film. On peut remarquer qu'il y a déjà un décalage par rapport aux faits et à l'histoire en elle-même. Sachant que le protagoniste qui aide le tétraplégique n'est pas noir à l'origine, mais d'origine maghrébine.

On se fout de la gueule de qui? Du public, nous, les consommateurs. Et ce n'est pas la première fois!

Mais restons dans le domaine du cinéma.

Melvin Van Peebles avait déjà énoncé à une certaine époque que les noirs du cinéma étaient, malheureusement, rattachés à un même quota: "celui du nègre qui a constamment un couteau dans sa main et qui représente une figure menaçante."

Quelques années plus tard, Mario Van Peebles (son fils) avait déjà dénoncé à une certaine époque que les noirs du cinéma étaient, malheureusement encore, rattachés à un même quota: "celui du bon nègre qui se sacrifie en premier avant tous les autres figurants ou acteurs du film. Sachant que les autres acteurs sont blancs."

Encore quelques temps après, de nos jours, certains cinéastes noirs, plus ou moins connus, en ont cette fois assez que leur propre communauté se soit à nouveau dirigée vers un autre système de quota, cette fois-ci plus cynique: "celui du bon nègre qui adapte l'histoire à la leur en la changeant pour pouvoir faire bonne figure devant le public". WOAOW

Je m'explique: n'avons-vous pas remarqué ces derniers temps que certains héros et/ou personnages célèbres de votre enfance ou de votre jeunesse aient pu changer de couleur (ou d'origine ethnique)?

Exemple: Nick Fury que l'on voit apparaître dans les nouveaux films de la licence Marvel (rôle interprété par Samuel L. Jackson), est devenu noir. Alors que tous les lecteurs des bande dessinées Strange et ou Marvel (bref les fans de comics ou romans graphiques) savent (toutes nationalités confondues) que le colonel Nick Fury est un brun caucasien à l'origine. Il n'est donc pas noir...

Autre exemple: James West (ou Jim West selon) personnage issu de la fameuse série "Les mystères de l'Ouest" (titre original: the wild wild west) est aussi un "blanc" à l'origine, comme on peut le voir dans la fameuse série. Mais ce personnage de fiction est aussi devenu noir dans le fameux blockbuster "Wild Wild West" (rôle interprété par Will Smith).

Je ne continue pas à donner d'autres exemples. Je pense que vous avez compris chers lecteurs à quel point le cynisme du fameux "quota" revient sur la scène du cinéma et dont les victimes de ce cynisme restent encore la communauté noire.

Tout le monde sait que James Bond n'est pas noir, que Superman n'est pas noir, que Batman n'est pas noir (même s'il porte un costume sombre)..... Alors pourquoi envoyer la crédibilité de sa communauté droit dans le mur encore une fois?

Il ne faudrait pas que "les noirs" empruntent aux "blancs" le même vice qu'ils avaient lors de la colonisation: "celui de s'approprier l'Histoire à leur manière".

En effet, il fut un temps où "les colons blancs" s'appropriaient l'Histoire des civilisations (qu'ils qualifiaient d'inférieures) comme acquise afin de mieux les soumettre.

C'est ainsi qu'aujourd'hui, la majorité du monde croit que le Christ était blond aux yeux bleus , que Cléopatre ressemblait (trait pour trait) à Elisabeth Taylor et que les pharaons d'Egypte étaient "caucasiens" à la base...

Certains penseurs européens avaient même osé énoncer que l'Afrique n'avait pas d'Histoire à proprement parler.

"Quelle terre que cette Afrique! L'Asie a son histoire, l'Australie elle-même a son histoire qui date du commencement dans la mémoire humaine: L'Afrique n'a pas d'histoire" - Victor Hugo (Discours du 18 mai 1879)


Mais cessons de parler de choses douloureuses appartenant au passé et allons encore plus loin dans la critique de ce film.

Certes, ce film est éloquent. Il a su redonner (vite fait!) du pep's au principe de fraternité française. Mais malheureusement, il en est devenu le levier cinglant de la caricature du noir en général.

Oui, ce film, lorsqu'il est regardé plus attentivement et en prenant compte des tendances cinématographiques qu'il y eût en défaveur de la communauté noire, relève en fait d'une autre description vicieuse du noir qui "singe" encore une fois la communauté blanche en "singeant" une des formes de vices les plus vils qu'il leur a été donné de reproduire: "l'adaptation de l'Histoire par une autre communauté"

Alors maintenant la communauté noire, parce qu'elle est frustrée, devrait emprunter des rôles de personnages qui ne leur ressemble pas (ethniquement parlant) ???
C'est là où il faut mettre le "HOLA!" Si toutes les communautés commencent à réinterpréter encore une fois l'Histoire... on ne s'en sortira plus!

Personnellement, je n'ai pas du tout envie de voir le personnage Marvel de Blade (le diurnambule chasseur de vampire) devenir tout d'un coup BLANC. Je ne le supporterai pas!
Ni de voir le personnage de Mohammed Ali joué par un arabe.
Ou de voir le fameux personnage de l'Histoire, Salaadin interprété par un blanc! Ce n'est pas possible!! Il faut que les consommateurs disent à certains réalisateurs d'arrêter leur délire!!!!!!!!

Alors chers lecteurs et spectateurs, je vous demande, humblement, de vous poser constamment les bonnes questions et de ne pas systématiquement avaler la couleuvre que l'on vous tend et à vous renseigner sur l'Histoire, l'Environnement, l'Homme et ses travers pour ne plus être considérés comme des moutons.

La communauté noire devrait tirer des leçons de l'Histoire et non répéter les travers et les vices de celle-ci sachant qu'elle est toujours considérée comme une communauté qui ne semble pas être effrayante, car elle ne semble pas assez réfléchir....

Affaire à suivre.

P.S.: néanmoins, cela reste un beau film à regarder en famille (c'est pour ça que je lui mets une belle note). Omar Sy mériterait un oscar si seulement l'histoire originale était réellement retranscrite dans le film (à savoir mettre en avant les origines ethniques "réelles" des personnes de la vraie histoire.).. vous imaginez le personnage de Martin Luther King Jr. joué par un caucasien? ou alors le chanteur Johnny Clegg joué par aborigène? Naaaa... remettons les choses dans leur contexte. Si nous modifions l'Histoire ou la biographie d'une personne (de trop), ne dénaturons-nous pas leur essence et/ou le contexte quand cela a été écrit?

Faîtes votre propre opinion.

Rédaction: Thibaud Turpin
thibaudturpin
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Biographies/Faits de sociétés/Documentaires/Tranches de vies

Créée

le 1 mai 2012

Critique lue 1.1K fois

1 commentaire

thibaudturpin

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

1

D'autres avis sur Intouchables

Intouchables
Aurea
6

Amis pour la vie

Le ton est définitivement celui de la comédie mais une comédie teintée de l'émotion d'une rencontre pas comme les autres, où deux êtres que tout semblait opposer se trouvent, se découvrent et se...

le 7 janv. 2012

83 j'aime

41

Intouchables
takeshi29
5

7.0 ? Ah ouais quand même...

Voilà donc le film qui aura tant agité les foules durant de longs mois. Box-office en feu, phénomène sociologique et donc médias en boucle, forums de discussion agités par d'interminables discussions...

le 20 sept. 2014

61 j'aime

9

Intouchables
Gand-Alf
8

I'm feel good.

Le problème quand un film cartonne, c'est que sa véritable valeur est rapidement eclipsée par le phénomène qu'il suscite. On ne sait plus trop où donner de la tête entre les critiques élogieuses, les...

le 30 janv. 2013

56 j'aime

Du même critique

Business Model Nouvelle Génération
thibaudturpin
9

Le livre qu'il aurait fallu montrer aux étudiants.

A la lecture de cet ouvrage, je commençais à me rappeler toutes les fois où mes camarades et moi, qui n'avions pas connu le monde des Ecoles de commerce, devions sacrifier du temps pour bien mettre...

le 19 sept. 2011