Ne jamais dire jamais

Après On ne vit que deux fois sorti en 67, Sean Connery décide d'abandonner le rôle de James Bond. Le suivant Au service secret de sa majesté sera tourné avec George Lazenby et ne sera pas franchement une réussite, le pauvre Lazenby ayant le charisme d'un rideau de douche. Ainsi Sean revient pour le plaisir de tous dans Les diamants sont éternels avant de déclarer à nouveau que ce sera son dernier James Bond. Faire ce genre de déclarations fracassantes permet de pouvoir renégocier son salaire à la hausse. Habile le Sean ! Il sera cette fois remplacé par l'excellent Roger Moore, acteur de la même génération que lui, qui fait moins la fine bouche. Sir Sean semble avoir des regrets puisqu'après 6 opus de la franchise réalisés avec son concurrent Roger, dont certains ont remporté un énorme succès, après avoir dit "plus jamais", il revient encore une fois dans le rôle de James Bond. Entre ses deux participations à des James Bond, il s'est écoulé 12 ans et il a eu le temps de tourner dans 16 films plus ou moins bons dont le catastrophique Zardoz, mais l'excellent L'homme qui voulut être roi. Cependant, comme les producteurs officiels de James Bond, EON productions, ont déjà un James Bond dans la personne de Roger Moore (ils sortent d'ailleurs la même année Octopussy qui remporta un énorme succès puisqu'il rapporta presque 68 millions de dollars rien qu'aux EU). Sir Sean qui a trop fait sa diva et a du quelque peu irriter le Légume Vert est contraint de tourner dans un James Bond non officiel, avec un producteur un peu bas de gamme Taliafilms. La réalisation est confiée à Irvin Kershner qui avait filmé l'Empire contre attaque 3 ans plus tôt.

Ainsi, pas de générique avec le tir en direction du spectateur suivi d'une chanson avec des femmes nues en ombres chinoises qui se trémoussent. Non, le film s'ouvre par une musique kitch au possible, avec une manière de filmer un paysage qui ressemble à l'Amérique du sud très inhabituelle pour un James Bond, et de voir Sean en action contre un groupe de guérilleros qui semblent avoir enlevé une princesse. Scènes d'action musclées et presque réalistes, sauf qu'on s'aperçoit que Bond était à l'entrainement. Il va d'ailleurs être envoyé juste après dans un centre de remise en forme par son nouveau patron (M) insupportable.

Lieux visités : lieu d'entrainement. Amérique du sud ? Clinique à Londres. Nassau dans les Bahamas, où Sean Connery mourra. Alors qu'il boit un martini (dry) il se fait éclabousser par une belle aquaskieuse en string rouge (le mot n'existait pas, je viens de l'inventer) puis celle-ci se retrouve en face de lui dans le bar et le mouille à nouveau. Mais le martini reste DRY. L'une des meilleures répliques du film. Elle s'appelle Fatima Blush (Barbara Carrera) et elle travaille pour le SPECTRE. Elle lui propose de faire un peu de plongée sous-marine, il y a en effet une épave très sympa à explorer. Ils se déshabillent pour enfiler leurs combis, mais comme ils sont nus, pourquoi ne pas en profiter pour faire une partie de jambes en l'air ? Puis direction les abysses. Seulement, la belle Fatima colle un émetteur sur les bouteilles de Bond et des requins téléguidés s'attaquent à lui. Après avoir échappé à deux ou trois requins Bond finit par se dire qu'ils sont peut-être téléguidés et vérifie à tout hasard s'il n'a pas un émetteur collé sur sa bouteille d'oxygène. Bingo ! Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Il sort de l'eau et se retrouve au bout du fil de la canne à pêche d'une belle jeune femme rencontrée un peu plus tôt. C'est l'occasion d'une des autres meilleures répliques du film "vous m'aviez dit catch you later". Puis direction le sud de la France pour faire un massage à Domino, la petite amie du méchant milliardaire Largo. Elle l'informe que Largo donne une réception au casino de Monte Carlo pour faire une levée de fond pour une association pour les orphelins. C'est ainsi que Bond va enfin rencontrer Largo et faire connaissance autour d'une partie de jeu vidéo mémorable. Voir Sean Connery jouer à Space Invaders devant un public médusé, on a l'impression de voir Macron au salon du jeu vidéo avec les Daft Punk qui font la bande son. ALL YOUR BASE ARE BELONG TO US. Certainement la scène de casino la plus ridicule de TOUS les James Bond. James gagne, bien évidemment, parce que les jeux vidéales c'est sa grande passion, mais il en a une autre et non des moindres, le tango, et il la belle Domino (Kim Basinger) va lui accorder cette danse. Le lendemain James se rend à l'invitation sur le yacht du méchant Largo qui part en direction de l'île de Palmyre en Afrique du Nord. Avant d'arriver à destination, le méchant, comme dans pas mal d'épisodes de James Bond se dit que quitte à avoir un espion célèbre à bord, autant lui montrer un peu ses installations. Si l'espion peut capter quelques trucs sur les écrans, encore mieux, il pourra les transmettre à ses supérieurs. Pratique d'avoir un méchant aussi intelligent et généreux. En réalité Palmyre se trouve en Syrie au milieu du désert, mais les producteurs ne devaient pas le savoir.

Sur l'île de Palmyre, donc il y a une forteresse. C'est là que Bond va être capturé avec Domino qui sera livrée à des méchants arabes qui vont vouloir l'acheter. Heureusement James utilise sa fameuse montre-laser et s'échappe. Il monte sur un cheval et enlève la femme. Les arabes crient "il a pris la femme !". Et là, une de mes cascades préférées de l'épisode. Bond saute avec le cheval et la femme dans l'eau depuis le haut de la forteresse. Magique.

Passage par une cité souterraine (tourné en studio) qui anticipe sur le temple dans Indiana Jones et la Dernière Croisade (dans lequel Sean tournera 6 ans plus tard) quand ils vont à Petra avec effondrement de statues dont la tête gigantesque de l'une d'elles est poussée par un Bond velu comme un singe en short de plongée moulant.

Fin un peu en eau de boudin : scène sous-marine. Domino tire une flèche sur le méchant Largo qui a fait tuer son frère pour se venger, mais comme il portait une combinaison de plongée et un masque, non seulement c'était pas clair que c'était lui et en plus il n'était pas très expressif au moment de mourir. C'était donc le grand final.

épilogue comique : James essaie de se relaxer dans la piscine avec Domino quand il a de la visite. Il jette le visiteur dans l'eau avant de s'apercevoir que c'est Mister Bean.

Gadgets : un stylo plume décoré aux couleurs de l’Angleterre qui permet d'envoyer un explosif qui doit exploser (en théorie) instantanément. Une montre-laser (qui n'existait pas à l'époque et n'existe toujours pas) qui permet de faire fondre les chaines et les barreaux des prisons (pratique quand on est prisonnier).

Bond-Car ? Non, pas cette fois, mais une Bond-Moto. Cette moto est notamment équipée d'un turbo qui lui permet de faire des vols planés (ou des sauts de cabri) très intéressants. C'est peut-être elle qui a inspiré la série Tonnerre mécanique (Street Hawk) sortie deux ans plus tard.

Au final, bien que ce James Bond non officiel ait été réalisé par un producteur de seconde zone, il est loin d'être raté. On a le droit à de très bonnes scènes d'action, quelques dialogues et répliques percutants et un casting de qualité. Le seul véritable problème est de l'ordre du rythme: le film est trop long (2h14) et beaucoup de scènes auraient gagné à être raccourcies, notamment le début qui n'en finit pas. Tout se met en place beaucoup trop tard dans cet opus qui en 2h maximum aurait atteint la note de 7 facilement.

Vraie note : 6,4/10 c'est pourquoi j'ai arrondi à 6 plutôt que 7.

À la semaine prochaine pour Dangereusement votre.