La dendrophilie, un mythe enfin mis en images.

Ai-je aimé ce film ? N'ai-je pas aimé ce film ? Ces deux questions restent irrésolues car je n'ai pas réussi à me décider.

Je suis un no man's land, retraçant la vie d'un chanteur nommé Philippe Katerine et joué par Philippe Katerine mais n'étant pas Philippe Katerine, démarre sur les chapeaux de roue avec l'arrivée d'une nymphomane hystérique sadomasochiste. Puis se succèdent les situations rocambolesques : une marche sous la lune en imperméable argenté, une jument irascible, une arrivée inopinée chez les parents du héros, une malédiction, des chansons subtilement débiles et une scène (gardons le meilleur pour la fin) absolument divine de dendrophilie. [Pour vous, novices ignorant la nature de cet... art, la dendrophilie est l'attirance pour les arbres.] Je vais sans doute vous paraître étrange, mais je vous assure que la dendrophilie est depuis des années pour moi une source de curiosité inébranlable, et voir, comme le dit mon titre, le mythe enfin imagé fut sans doute l'aboutissement d'un fantasme inconscient méritant que je dise : j'aime ce film. Mais ce n'est pas tout ! En effet, le très fin "Comment trouves-tu mon rôti de porc ? -Je trouve qu'il est... mort" est à mourir, la chanson finale est à se pâmer, la jeune fanatique est drolatique... Et parfois, dans ce film qui a l'air quand je le décris complètement absurde, discerne-t-on des moments d'émotion très forts. Ainsi, un certain nombre de passages marquants immanquables.

Cependant cela ne fait pas tout : venons-en au scénario à proprement parler. Celui-ci est original, riche d'alternances d'émotion, mais tout de même assez... creux. Trop creux, en tout cas, pour qu'on ne voie pas le temps passer, et qu'on ne soit pas dès le début pris d'un indéfectible ennui. De plus, malgré toutes les scènes déjà citées, je ne crois pas que l'on puisse dire que le film soit bon ; ces scènes isolées eussent sans doute été meilleures. J'ajouterai que la bande-son est abominable, que le cadrage et les couleurs sont très basiques, mais que les acteurs sont bons dans l'ensemble, malgré une Aurore Clément peu crédible (drôle, mais peu crédible, vous me suivez ?) dans son rôle.

Que dire alors ? L'achat de la place de cinéma était-il justifié ? Non, autant voir les scènes sur internet ; oui, parce que à l'issue du film J'AI VU PHILIPPE KATERINE EN VRAI. Jalousez-moi, jeunes gens. Et d'ailleurs, il est extrêmement drôle en vrai. Donc si vous en avez l'occasion, faites comme moi !
Eggdoll
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films critiqués (en attendant de trouver une meilleure classification).

Créée

le 25 févr. 2011

Critique lue 660 fois

1 j'aime

Eggdoll

Écrit par

Critique lue 660 fois

1

D'autres avis sur Je suis un No man's land

Je suis un No man's land
arthur404
7

Pousser la chansonnette dans les orties

Tantôt tapi au fond des bois, dissimulé dans la pénombre nocturne ou caché sous une table à manger, "Je suis un no man's land" vient susurrer des mots doux au creux de la paupière. Après "Les...

le 22 déc. 2010

3 j'aime

Je suis un No man's land
LeBlogDuCinéma
6

Critique de Je suis un No man's land par Le Blog Du Cinéma

Je Suis Un No Man's Land de Thierry Jousse peut être pour certains d'une grande déception et pour d'autres une agréable surprise. Déception pour ceux qui s'attendent à un film réellement comique, à...

le 15 déc. 2010

3 j'aime

Je suis un No man's land
Kasia
4

Critique de Je suis un No man's land par Kasia

Je me suis fait chier. J'ai pas tout comprit. Je crois que j'ai dormi (ce qui expliquerait pourquoi j'ai eu l'impression que le film n'a duré qu'un quart d'heure) et en plus Philippe Katerine est...

le 1 oct. 2011

1 j'aime

Du même critique

L'Insoutenable Légèreté de l'être
Eggdoll
10

Apologie de Kundera

On a reproché ici même à Kundera de se complaire dans la méta-textualité, de débiter des truismes à la pelle, de faire de la philosophie de comptoir, de ne pas savoir se situer entre littérature et...

le 11 mars 2013

152 j'aime

10

Salò ou les 120 journées de Sodome
Eggdoll
8

Au-delà de la dénonciation : un film à prendre pour ce qu'il est.

Les critiques que j'ai pu lire de Salo présentent surtout le film comme une dénonciation du fascisme, une transposition de Sade brillante, dans un contexte inattendu. Evidemment il y a de ça. Mais ce...

le 6 mai 2012

70 j'aime

7

Les Jeunes Filles
Eggdoll
9

Un livre haïssable

Et je m'étonne que cela ait été si peu souligné. Haïssable, détestable, affreux. Allons, c'est facile à voir. C'est flagrant. Ça m'a crevé les yeux et le cœur. Montherlant est un (pardonnez-moi le...

le 21 mars 2017

49 j'aime

5