Les Clowns ne font plus tellement rire les gens depuis les terribles agissements de John Wayne Gacy dans les années 70, qui avaient coutume de tuer ses victimes après les avoir torturés et violés tout en étant affublé du déguisement de Pogo Le Clown. C’est à peu de chose près le même accoutrement qu’Arthur Fleck a choisi de revêtir pour amuser les enfants afin de leur redonner un sourire dans le quotidien sombre et morose de Gotham City, une ville qui n’a jamais été épargné par les crises ni par la criminalité. Arthur rêve de pouvoir devenir comédien de Stand-Up, bien qu’il n’en est malheureusement pas l’étoffe, ayant pour seul talent celui de mettre les gens mal à l’aise avec son rire sardonique qui ne s’échappe que dans les moments les plus inopportuns, par simple effet de nervosité handicapant plus que par maladresse. Agressé, humilié, et méprisé de tous, le Joker va peu à peu basculer dans la folie et perdre toute notion de moralité pour se muer en tueur psychotique prêt à rendre des comptes à cette ville qui l’a si violemment broyé et rejeté.


« Fuck Marvel » disait hier David Ayer, petit yes-man hollywoodien dont l’incongruité n’avait égale que la vantardise d’usage pour un blockbuster bête et méchant qui été censé subvertir les codes et répondre à l’optimisme béat de Marvel grâce à une galerie de super vilains destiné à la boucherie mais qui finissait par sauver le monde entre deux bouffonneries affligeante et un discours pas tenté sur le pouvoir de l’amitié. C’est finalement de Todd Philipps que viendra le nouveau visage de DC, en offrant une certaine forme de « respectabilité » et d’âme artistique à la vague de productions standardisé et lobotomisé des films de super-héros actuelle. Une origin story d’un des plus iconiques bad guy de la bande dessinée, qui tente le pari audacieux de livrer une œuvre nihiliste sur l’individualisme et l’avilissement de notre société grâce à des influences Scorsesienne. Oui le même Martin Scorsese qui balançait en entretien que ce type de divertissement sérialesque ne ressemblait pas à du cinéma. Force et d’admettre qu’il s’agit d’un pied de nez amusant tant le réalisateur s’amuse à triturer les éléments, atmosphère et contexte dépressif des premières œuvres du maître pour les recontextualiser dans un univers fictionnalisé sans aucun artifice autre que son environnement déliquescent.


Joker retrace finalement la descente aux enfers d’un laissé pour compte totalement incompris de son entourage, se faisant le souffre-douleur des acteurs de son quotidien ainsi que des différentes strates sociales qui ne peuvent s’élever qu’au détriment des autres, soit en fustigeant continuellement son voisin, comme le démontrera d'ailleurs un certain présentateur de Talk-Show interprété par un Robert de Niro faisant référence à son homologue dans La Valse des Pantins. L’injustice sera d’autant plus frappante face au zèle et aux incivilités des sobriquets du richissime Thomas Wayne, un milliardaire antipathique loin de la description du père philanthrope et socialiste esquissé auparavant dans les adaptations du chevalier noir. Le récit se veut donc assez manichéen, même s’il interroge partiellement la notion de point de vue, puisque c’est par le prisme du Joker qui va passer d’un statut de martyr à celui d’une icône anarchiste ; symbole de la rébellion contre le désordre social infligé par l’oppression écrasante des classes les plus aisés sur les plus défavorisés ; que les parents du jeune Bruce Wayne seront sauvagement assassinés dans la rue, donnant ainsi naissance au vigilante héros que nous connaissons désormais. Il faut croire que toute société a les monstres qu’elle mérite.

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le 13 avr. 2023

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