Ce film de Lee Tamahori raconte le quotidien d’une famille Maori, dans la banlieue d’Auckland.
Jake Heke qui vient de se faire licencier, passe son temps à picoler avec ses potes, à chanter et à se battre dès que l’occasion se présente.
Sa femme, Beth Heke, essaie courageusement de tenir leur foyer avec leurs maigres ressources et d’élever leurs enfants. Si elle tient tête à son mari, elle peut se faire casser la gueule.
La réalité du peuple Maori, acculturé par la colonisation, est sans détour dans ce film, d’une dureté impitoyable.
L’histoire est belle comme un sniff à l’essence.
Les acteurs sont justes et bons, magistralement porté par Rena Owen dans le rôle Beth et Temuera Morrison, est vraiment bon en Jake le musclé.
Les spectateurs de l’hémisphère Nord découvriront aussi Cliff Curtis qui jouera de nombreux rôles de « méchants » par la suite.


Ce film, je l’ai vu au moins 4 fois au cinéma l’année de sa sortie. Il faut dire que le film me parle particulièrement. Les Maoris sont nos voisins, ils ont pris de plein fouet la colonisation britannique, comme ici, les kanak la colonisation française.
Si la culture du peuple premier du Pays au long nuage blanc semble avoir conservé son identité, les māoris et les descendants européens, les Pakehas n'intègrent pas la société néo-zélandaise d'un même pied d'égalité.


Comme chez nous, l’alcool est partout. Il va souvent de paire avec la violence et le désespoir.
Les jeunes cherchent leur place dans la société, biberonnés à la culture occidentale, ils sont en quêtes de leurs racines qui leur rendra leur identité.
Les Maoris étaient un peuple guerrier (comme le dit le titre) mais quelle est la place du guerrier dans notre société contemporaine ?
Le tatouage, omniprésent dans le film, est un excellent exemple des frictions entre la culture polynésienne et européenne. Le symbole d'une lutte entre tradition et modernité.
Le tatouage, est inscrit dans les gènes Maoris, comme sur leur peaux. Les kiwis, tous les habitants de Nouvelle-Zélande, l’ont adoptés.
Le tatouage est le reflet de cette société traditionnelle percutée par la culture occidentale. Le moko, le tatouage traditionnel côtoie les symboles occidentaux comme l'aigle ou le logo Harley-Davidson.
D'ailleurs, on peut passer un visionnage à décrypter tous les tatouages du films, chaque acteur en arbore au moins un.


Ce film est un premier film et moi, j’aime les premiers films.
Ils ont toujours quelques défauts mais aussi une fraicheur incomparable, un peu comme une bière qui sort du frigo, y’a un petit goût de ferraille à la place de la capsule mais rien que le contact de la bouteille, rafraîchit.
Et des bières, il s’en vide dans l’âme des Guerriers, des caisses entières y passent.


Moi, j’ai adoré ce film, je l’ai montré, j’ai débattu des heures évoquant les blessures de la colonisation et les luttes nécessaires à la déconstruction du modèle colonial. Ce film est le déclencheur de mon premier voyage en Nouvelle-Zélande (et oui, y’a pas que le seigneur des anneaux à Aotearoa !)


Ce film a été un véritable passeport pour Hollywood pour le réalisateur comme pour les acteurs principaux. Pour l’anecdote, Temuera Morrison et Rena Owen se croiseront devant l’écran vert de Georges Lucas dans l’épisode II de Star Wars dix ans après le film de Lee Tamahori.

Gwangelinhael
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le 3 janv. 2013

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Gwangelinhael

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