Il y a bien des défauts de toutes sortes dans cette objet cinématographique, et bien plus de qualités qui confèrent à l'ensemble le sentiment de passer un bon moment. Pour parler de ça, il y a un tas de gens qui existe sur SC ou ailleurs. Moi, qui pourrait imaginer avoir été conçu à une date analogue à celle de la sortie du film, je préfère partager avec vous ma vision documentaire.


Une appréciation possible grâce aux choix de mise en scène de François Truffaut qui instrumente les caractères et personnalités réels de chaque enfant pour réaliser un ensemble de scénettes au niveau de fantaisie varié sous l'accompagnement bienveillant d'adultes, professionnels ou non, afin d'illustrer un panorama de la vie rurale de la jeunesse française au milieu des années 70.


Tout cet ensemble est ancré dans un monde bien réel clairement établi. Le lieu déjà, Thiers, Puy de Dome code postal 63300, 16 567 habitants en 1975 (moins de 12 000 aujourd'hui) à proximité du centre de la France. Dans le temps aussi en 1975, une époque où la jeunesse était encore en proie de réaliser les 400 coups, à laquelle les enfants allaient à l'école à pied et les parents cuisinaient du pot-au- feu le soir. Un monde réel que les cinquantenaires (et plus bien entendu) ont bien connu mais que des quarantenaires, comme moi, ont surtout vu disparaitre.


Personnellement, je bénéficie d'une accroche supplémentaire à la réalité en reconnaissant, sur le générique, le nom de la maquilleuse Thi Loan N' Guyen avec laquelle j'ai eu l'occasion de travailler sur des tournages et que j'ai même reconnu à l'image en figuration malgré les années


Je me souviens, comme disent les québecois, de ce monde qui ne tournait pas forcément autour de la voiture, ou môme, on pouvait errer partout sans l'inquiétude d'être retrouvé écrasé (Une insouciance poussé à l'extrême ici. Hein minou!) Enfant, on connaissait les grands et les grands nous connaissaient. On était mal habillé certes, mais on faisait notre petit déjeuner tout seul, on allait faire les petites courses, on parlait aux commerçants, aux gens dans la rue, on gérait le retour de monnaie, on obtenait tout et n'importe quoi de nos voisins, on se retrouvait à plusieurs, sans clivage des classes sociales, au gré du chemin de l'école pour s'accompagner les uns les autres. Machin pouvait aller chez bidulle, pour les devoirs ou parce qu'il avait la télé ou même des parents. Clairement dans un monde imparfait, et le constat est aussi net à ce sujet, il existait une proximité qui permettait d'alléger ce poids. Même si un exemple d'indifférence vient conclure le sujet, il permet de relever cette notion en plus de donner l'occasion à Jean François Stevenin de partager la vision du réalisateur sur ce monde de l'enfance.


De mon coté, j'ai partagé ma jeunesse entre vie citadine et vie rurale et tous ces personnages existent, ou plutôt ont existé dans mon village, c'était mes copains, et même un peu moi. Quand je vous dis que j'ai vu ce monde disparaître, c'est bien simple, il y avait un lotissement à la sortie du village, une belle route des maisons neuves etc... Tous les mômes qui ne venaient à l'école qu'en voiture, qu'on ne croisait jamais dans le village, que les parents exprimaient clairement des refus de fréquentation, ils habitaient là bas, dans le monde d'aujourd'hui.


Et encore un merci à François Truffaut de confirmer un biais qui me tarabiscote régulièrement, la taille de la baguette de pain. Je sais, c'est 250g, que petit on voit des choses plus grandes que quand on les voit grand mais je reste persuadé que, de nos jours, la taille de la baguette à diminué et c'est confirmé dans ce film

Toshiba
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le 21 déc. 2020

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