L'Invisible Ennemi
7
L'Invisible Ennemi

Court-métrage de David Wark Griffith (1912)

Ce film marque le démarrage de la carrière des sœurs Gish au cinéma. Les jeunes Lilian & Dorothy semblaient alors se 'déclasser', passant du théâtre où les avaient poussées leurs parents au 'septième art' encore novice. C'est juste à ce moment, en 1912, que surgissent les premiers projets de grande ampleur comme les péplums italiens en format long-métrage (Quo vadis). L'acquisition de 'lettres de noblesse' par le cinéma est cependant toute proche, pour les Gish comme pour l'Histoire : elle est due à Naissance d'une nation dès 1915, tourné par le responsable de leur propre ascension.


An Unseen Enemy fait partie des nombreux triomphes précoces de l'entertainment signés Griffith. C'est un des exemples de sa maîtrise du montage alterné, versant plus 'cash' du montage expressif, par rapport au montage parallèle – utile pour les comparaisons et les symboles. Le premier sert l'immersion du spectateur et donne une sensation d'agilité au regard, le second relève davantage de la démonstration, provoque et discute. Le montage alterné est donc l'une des bases du langage cinématographique 'direct et efficace', mais aussi attelé nous induire en ivresse.


An Unseen Enemy le met à profit en cumulant un grand nombre de plans, de points de vue et de péripéties, toutes et tous reliés à une tension principale. Une amourette emballe le tout et l'anecdote du pistolet pose une signature propre à ce film. Le rythme est rapide, sans ces poses flottantes marquant A Corner in wheat (1909) ou même Dollie (1908), premiers coups-d'éclats de Griffith. Après cet épisode, Lilian Gish devient une égérie de Griffith. Elle est présente dans ses superproductions à venir, d'Intolerance à Way down East.


Ce succès au cinéma va en faire la principale concurrente de Mary Pickford (La petite princesse) en tant que 'jeune fiancée de l'Amérique'. Or c'est de Pickford que vient sa recommandation à Griffith (elle va cesser après Friends en 1913 d'être une de ses actrices récurrentes). An Useen Enemy contient également la première apparition à l'écran d'Eric von Stroheim, danseur dans une scène. Il sera figurant dans Naissance d'une Nation, multipliera les petits rôles et la présence au poste d'assistant metteur en scène à partir de 1915, avant de se lancer dans la réalisation en 1919 (donnant notamment Folies de femmes et Les Rapaces).


https://zogarok.wordpress.com

Créée

le 14 oct. 2016

Critique lue 604 fois

2 j'aime

Zogarok

Écrit par

Critique lue 604 fois

2

D'autres avis sur L'Invisible Ennemi

L'Invisible Ennemi
KatiaL
7

Culte en N & B

Un des chefs d'oeuvres d'une époque reculée, mais très actuel par sa forme et son discours. Il y a de la paranoia dedans et également du vécu tandis que aucun des personnages n'est ce qu'il semble...

le 12 avr. 2012

2 j'aime

L'Invisible Ennemi
Limguela_Raume
8

L'Invisible Saveur

Le montage alterné est d’abord une histoire de vieilles ficelles : celles du télégraphe dans The Lonedale Operator, celles du téléphone ici.Griffith se perfectionne dans sa technique du cross-cutting...

le 27 oct. 2023

1 j'aime

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

49 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2