[Attention SPOILERS]


Alors qu'on pensait être débarassé à tout jamais de cette vague de films d'horreur, initiée par Kevin Williamson à la fin des années 90 avec Scream et The Faculty et se reposant essentiellement sur des références appuyés à des codes du genre et à ses classiques afin de se mettre le spectateur dans la poche, voilà qu'en 2012 Joss Whedon (au scénar') et Drew Goddard (à la réal' ainsi que co-scénariste) ont cru bon de nous rappeler ces temps sombres où le genre horrifique se mordait la queue à coup de traitement cynique et d'auto-citations serviles.

Partant du postulat de départ, où 5 jeunes, incarnant chaque archétype familier du genre (le sportif, la bimbo, la sainte-nitouche...) vont passer un week-end dans une maison isolée en forêt, Goddard et Whedon vont y ajouter un élément de taille : ces jeunes sont en fait les cobayes d'une expérience filmée et manipulée par des simili-scientifiques, qui font tout pour que le schéma de films d'horreurs, tendance Evil Dead, se répète ici.
Alors je ne suis pas contre le fait de produire une mise en abyme d'un genre codé du cinéma au sein même d'un film en apparence codifié (à ce titre Last Action Hero de McTiernan est un petit bijou) mais cela ne doit pas empêcher de produire un bon film "intérieur" à cette mise en abyme. Et c'est là que le bât blesse. Dans Scream, le discours (parfois irritant) "meta" et discursif sur le genre était parfaitement intégré au slasher de Craven, souvent par le prisme du personnage de Randy, passionné du cinéma de genre et "commentateur" des meurtres qui frappaient la petite ville de Woodsboro mais qui en était également un des principaux acteurs, voire un suspect éventuel ou une potentielle victime.
Ici dans la Cabane dans les bois, la partie discursive sur le genre est clairement séparée par ce postulat de base à la "Truman Show" version gore (enfin gore...façon Chair de Poule tout au plus), avec d'un côté les manipulateurs scientifiques (tantôt reflet des scénaristes, tantôt du spectateur du film dans sa globalité) des évènements de la cabane dans les bois, et de l'autre les 5 jeunes évoluant dans un schéma volontairement caricatural, poussif et ne menant à rien avant la dernière bobine. Imaginez, pour continuer le parallèle avec la saga de Wes Craven, le personnage de Randy, qui aurait été extérieur à la trame scénaristique, et qui aurait commenté les évènements majeurs du film à la manière d'un narrateur omniscient. Rien de pire que le genre qui s'auto-analyse de manière aussi balourde. Mais si le film de Wes Craven ne tombe que très rarement dans ce travers, ce Cabane dans les Bois mets les pieds en plein dedans et avec fierté s'il vous plaît !

C'est alors qu'en regardant ce sous Evil Dead (pardonnez moi monsieur Raimi) avec "making-of" moqueur intégré au film depuis 1h, que 2 des personnages brisent le "quatrième mur" en entrant dans la réalité (celle non manipulée par des individus extérieurs) des scientifiques qui épiaient leurs faits et gestes dès le départ.

Et c'est là qu'on s'enfonce encore plus dans le n'importe quoi "volontaire mais vous n'avez pas le droit de dire que c'est pourri vu que c'est volontaire". Là les 2 survivants, après avoir libéré involontairement tout un bestiaire de films d'horreur (dont un sous-Pinhead de Hellraiser dans le lot) sur les scientifiques, apprennent que tous ces schémas de films d'horreur qui se répètent depuis toujours sont le fruit d'expériences visant à créer des sacrifices codés (des schémas scénaristiques codés donc) pour apaiser des entités lovecraftiennes. Comme si tout ces clins d'oeil (enfin de coups de coude dans les côtes à ce degré là de connivence forcée avec le public) adressés depuis le début du film ne suffisait pas, voilà que le public est tout simplement pris pour un ensemble homogène et abruti : le spectateur est alors décrit comme quelqu'un ne pouvant se satisfaire que de structures codées les plus basiques et surtout caricaturales, avec des éléments clairement racoleurs, et qui peut s'énerver si ce cahier des charges n'est pas respecté. Le plan final vient illustrer ce dernier point et conclut cette série de crachats en pleine figure que le spectateur vient de se prendre.
Woodrow
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le 26 août 2012

Modifiée

le 27 août 2012

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Woodrow

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