Okay les gars. On y est.
Franchement, je sais pas si j'ai déjà été aussi bouleversé par un film de toute ma vie. C'est simple, j'ai passé les deux heures de visionnage avec les mains qui tremblaient et la larme à l'oeil.
La Chasse est un film qui parle de beaucoup de choses sans jamais se dissiper et qui parvient à conserver toute son intensité sans jamais trop en montrer. C'est un thriller assez intimiste qui se concentre avant tout sur la détresse émotionnelle des personnages.
Si vous ne l'avez pas encore vu, foncez. Ne réfléchissez pas, allez-y.
L'histoire du film est terrifiante de simplicité. On suit un certain Lucas, éducateur dans un jardin d'enfant. Il croise régulièrement dans sa petite ville la (très) jeune fille de son meilleur ami et, en tout bon gars qui se respecte, il la raccompagne, l'amène au jardin d'enfants et joue avec elle. Cette petite fille commence à developer quelques sentiments à l'égard de Lucas parce qu'il est grand beau et fort. Et, comme tout brave homme qui se respecte, il la repousse avec le plus de délicatesse possible.
La gamine, qui, la veille a eu accès à des images pornographiques, va alors chercher à se venger tout en replaçant les images qu'elle avait vu la veille sur l'Ipad de son grand con de frère. Sans la moindre connaissance des risques, elle va raconter à la directrice du jardin d'enfant que Lucas a tout le temps le kiki tout dur.
Et, forcément, s'en suit une hystérie collective parce qu'aucun parent n'est pret à admettre que son gosse ment. Lucas va se retrouver accusé d'un des pires crimes du monde, isolé, brutalisé et harcelé.
Ce qui m'a le plus chamboulé dans le film, c'est que, malgré l'horreur de la situation, c'est parfaitement plausible, ça pourrait arriver à n'importe qui et il n'y a aucune échappatoire. Si ça t'arrive, tu aura beau hurler ton innocence, personne ne te croira, quoi que tu fasses, tu aggraveras ton cas mais La Chasse m'a fait réfléchir sur un autre problème :
Si un jour, je deviens parent et qu'on accuse mon meilleur ami d'avoir fait ça à mon enfant, je ne sais vraiment pas si je serai meilleur que les personnages présentés dans le film. Et cette réalité-là fait mal et elle fait peur.
Par ailleurs, l'écriture fait très fort car, au lieu de rentrer à fond dans le pathos, on voit Lucas qui fait tout pour rester le plus digne possible. Il encaisse, subit mais cherche avant tout à rester fort sans jamais modifier son comportement.
C'est d'autant plus beau quand il craque pour de bon à l'église. Il n'en peut plus.
Mais j'aimerai quand même dire que ce film ne serait rien sans Mads Mikkelsen qui nous fait réellement ressentir toute la détresse de son personnage. Il parle peut, le film n'est pas là à toujours paraphraser ce qui passe à l'écran, mais juste en le voyant, on pige de suite ce qui se trame dans sa tête.
Côté mise en scène, j'ai pas grand chose à dire. Habituellement, je ne raffole pas du cinéma "vérité". Je préfère rêver devant le grand écran. Sauf que là, en effet, la démarche super réaliste du réalisateur se justifie parfaitement et ça rend l'histoire encore plus frappante. On sent, avec un minimum d'effets, le doute s'insinuer, la rumeur s’amplifier, la terreur se muer en violence et on voit tout ça se répercuter sur Lucas.
Et puis, comme si le film ne m'avait suffisamment secoué comme ça, il y a la fin...
Un an plus tard, Lucas réintègre la société. Acquitté, blanchit, il se fait une petite partie de chasse avec ses amis et son fils afin de fêter l'obtention du permis de chasse de ce dernier. Tout se passe au mieux jusqu'à ce qu'une balle lui passe juste à côté du lobe frontal. Un des chasseurs a tenté de l'abattre.
Ce que je trouve vraiment terrible avec cette fin, c'est qu'elle suggère que jusqu'à sa mort, le doute sur la culpabilité de Lucas ne sera jamais levé dans le coeur des habitants de la ville. Mais surtout, ce fameux tireur ne peut être qu'un des proches du pauvre homme.