"Chacun poursuit sa chimère sans jamais parvenir à la saisir.
Pour certains, c'est un rêve d’argent facile, pour d'autres la quête d’un amour passé…"
Voilà ce qu'on peut lire comme résumé pour le nouveau film d'Alice Rohrwacher. On pourrait croire à l'affiche à une comédie : son fond blanc, ses personnages souriant et ses têtes flottantes. Pourtant, malgré des dialogues qui feront parfois sourire, c'est une tragédie, une véritable, comme pouvait l'écrire les auteurs de l'antiquité. Les personnages sont ici guidés par leurs passions, des passions dévorantes qui les consumeront jusqu'à ce qu'ils puissent les assouvir : en outre, des chimères.
Comme dit précédent, le film parlera du rêve dans son sens premier (à travers de nombreuses séquences entre flash-back et onirisme) mais surtout dans son second : la poursuite d'une chimère, d'une utopie, du rêve d'une chose, pour reprendre le titre d'un roman de pasolini.
Cette chimère, elle dépend de tous : d'argent pour beaucoup des personnages, mais pour notre protagoniste et pour les femmes qui le côtoient, il s'agit de quelque chose de plus grand : d'une recherche d'un passé révolu, qu'il soit historique ou personnel ; ou au contraire de la construction d'un autre futur idéal, utopique, alternatif à la société capitaliste et à son appât du gain qui gangrène même les plus marginaux de cette société qui composent la bande du protagoniste. C'est cela que met en scène le film d'Alice Rohrwacher : la possibilité d'évoluer autrement, de céder à l'amour de l'autre sans que ne viennent interférer la recherche de notre plaisir égoïste.
La fin (ou plutôt l'une des fins, celle de notre protagoniste) vient idéaliser cette objectif commun à tous : la chimère est perceptible et accessible, peu importe le chemin que l'on prend, que cela soit la mort ou la renaissance