Le Caire nid d'espions
Avec Boy from Heaven, qui aurait pu s'intituler Le Caire nid d'espions, Tarik Saleh passe manifestement un cap, et avec quel éclat. Le principal lieu de l'action n'est pas n'importe lequel :...
le 29 mai 2022
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Il est intéressant de voir les nombreuses similitudes entre "Les Nuits de Masshad" et "La Conspiration du Caire". Les deux films empruntent au cinéma américain ses codes pour aboutir à un film de genre (d'un côté le thriller, de l'autre le film d'espionnage). Les deux réalisateurs, d'origine arabe, sont exilés dans un pays scandinaves et sont persona non grata dans leur pays d'origine (encore que Tarik Saleh n'est pas né en Egypte mais est d'origine Égyptienne). Les deux films évoquent en filigrane le pouvoir religieux et politique. Et les deux films sont indéniablement remplis de qualité mais il leur manque le principal : une identité.
Ici, Tarik Saleh applique à la lettre les codes du film d'espionnage, donc un pauvre quidam (ici un fils de pêcheur accepter au sein d'une grande université religieuse) embarqué dans une guerre de pouvoir entre religion et politique. Lorsque le grand Imam de la mosquée meurt, le Président tente d'influencer le choix du nouveau chef religieux pour qu'il soit favorable au gouvernement. Et notre pauvre gamin qui n'a rien demandé se voit manipulé pour arriver à cette fin.
En transposant le film d'espionnage dans un cadre différent (et une culture différente), Tarik Saleh créé une forme de dépaysement qui fonctionne bien. Mais le film se met assez vite à ronronner et se révèle un peu trop prévisible, facile et superficiel. Les personnages manquent de complexité, sont parfois un peu cliché et on ne peut s'empêcher de penser que le réalisateur d'origine Égyptienne a bien appris sa leçon mais peine à s'émanciper, à renouveler le genre et à en proposer une vision personnelle. Il avait pourtant de la matière à exploiter, il y a beaucoup à dire sur cette société tiraillée entre deux pouvoirs, avec en filigrane les extrémistes qui tentent de s'imposer et qui pullulent sur le terreau de la corruption politique... mais comme chez Ali Abassi, "La Conspiration du Caire" peine à creuser dans cette direction et n'offre finalement aucune analyse de ces thématiques, et n'essaie même pas de les relier à l'actualité. C'est dommage parce que malgré ses qualités, l'ensemble reste un sympathique film d'espionnage dans un environnement inédit mais ne va pas plus loin et manque de consistance.
Créée
le 5 févr. 2024
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