La renaissance de la Hammer
Adepte de la saga Harry Potter (en livres et en films sauf le 6ème opus de David Yates qui, je crois, aura laissé à tout le monde un souvenir amer), je n'ai pourtant jamais apprécié le trio d'acteurs à sa tête. Mais, après tout, Harry Potter était un univers, une ambiance, un trip sorcier, en aucuns cas le genre de productions à faire découvrir de jeunes acteurs talentueux. Ce n'est donc pas sans crainte que je suis allé voir « La dame en noir » où Daniel Radcliffe tient le premier rôle. Si ce n'était pas pour l'acteur, j'y allais au moins pour voir ce que valait la Hammer Film Productions en 2012, si cette industrie de l'horreur allait pouvoir connaître un nouvel âge d'or.
L'ambiance est immédiatement mise en place et le décor est vite planté : trois jeunes filles qui jouent aux poupées dans leur chambre sont attirées irrémédiablement vers la fenêtre et décident de se suicider en même temps. Sans être révolutionnaire, la scène a le don d'être marquante et a le mérite d'embarquer tout de suite le spectateur dans un drame gothico-horrifique qui passe à une allure folle. Le réalisateur, doué d'un certain talent pour distiller la peur, profite de décors somptueux, à commencer par ce magnifique manoir qui sert de lieu central dans le film. Pas très grand, le manoir sert au jeu de cache-cache entre la dame en noir et Arthur Kipps (Daniel Radcliffe), jeune notaire qui doit vendre la maison. Le faible nombre d'unités de lieux (le hall, le bureau, le couloir, la chambre fermée et la cour devant la maison) active la peur tandis que James Watkins prend le pari d'insister sur de longues séquences de visions et de terreurs où Arthur cherche vainement celle qu'il croit voir une fois dehors quand il est à l'intérieur, une fois à la fenêtre de la chambre quand il est dehors, une fois dehors, une fois à l'intérieur...
Quant à Daniel Radcliffe, le spectateur n'a besoin que de cinq minutes pour oublier le sorcier à lunettes tant l'acteur démontre une réelle capacité d'adaptation à ce nouveau rôle. Le teint blafard, il incarne avec crédibilité ce jeune notaire londonien veuf depuis peu. Le reste du casting l'aide aussi dans sa tâche, en particulier Ciarán Hinds, acteur irlandais trop méconnu à mon goût et cantonné aux seconds rôles. Mais la performance des acteurs n'est sans doute pas le point central du film.
Non, le point central c'est sans doute le scénario et l'ambiance si caractéristique du film d'horreur. Si de ce côté-là, nous ne sommes pas surpris, il faut bien avouer que le film est efficace. Le réalisateur a fait le choix de gommer les aspects comiques (qui me gênent bien souvent dans les films d'horreur) pour ne laisser aucun répit au spectateur, pris au piège. C'est là, la force du film. Si les clichés du genre sont nombreux (corbeaux, bruits suspects, portes qui claquent, grincements, apparitions fantasmagoriques...), c'est cependant parfaitement mis en scène. Le scénario, quant à lui, révèlera son lot de surprises.
Appuyé par une excellente partition de Marco Beltrami (l'une des meilleures que j'ai pu entendre pour un film d'horreur), le film profite d'un Daniel Radcliffe convaincant et d'un James Watkins qu'on a hâte de revoir. Les décors et les costumes sont soignés tandis que l'atmosphère est savamment posée. Tout ceci donne un film à la mécanique bien huilée. « La dame en noir » vient de marquer la renaissance artistique et financière de la Hammer. Nous pouvons dormir tranquilles, nous n'avons pas fini d'avoir peur !