Jésus alternatif

Je vais vous faire une confidence : toutes ces conneries religieuses de Jesus mort sur la croix pour nos péchés, ça m'a toujours gonflé, je trouve ça lourd et ridicule. Je lui ai rien demandé moi à Jésus, je vis très bien avec mes péchés et quitte à faire la fête dans l'au-delà, je préfère que ce soit avec Syd Vicious et Kurt Cobain qu'avec Mère Thérésa et l'AbbéPierre.

Ce bon vieux Martin n'a jamais caché son appétence pour la religion catholique, ces films ont d'ailleurs toujours été imprégné de sa foi d'une façon ou d'une autre. Le voir donc s'attaquer à la figure mythique de Jésus n'est pas vraiment une surprise. Sauf qu'en adaptant le roman de Nikos Kazantzakis, Scorsese fait le pari de présenter un Jésus bien différent de celui conté dans la Bible, un Jésus plus humain, en proie au doute et à la tentation. Et évidemment, comme toujours lorsqu'on essaie de briser les fantasmes de millions de fanatiques qui ont cru à des fables depuis des milliers d'années, ça n'a pas manqué de susciter la polémique.

Pourtant pas de quoi fouetter un chat (ou un messie). "La Dernière Tentation du Christ" est un film bancal. Fauché (c'est quand même une bande de barbu attifés de loques marchant dans le désert, on a vu plus flamboyant), bien trop long pour son propre bien (2h45!!! ), souffrant de sérieux problèmes de rythme (surtout dans sa première partie, qui met bien trop longtemps à démarrer) et avec un propos parfois décousu et contradictoire. Il y a parfois une volonté de se rapprocher d'une vision historique du personnage et d'autres fois, on verse dans le discours de grenouille de bénitier, avec la lourdeur que ça implique dans l'écriture. Le film est souvent kitch, moche, pas toujours de très bon goût (la résurrection de Lazare flirte avec la série B horrifique façon Romero, les sfx sont laids). Il y a des idées intéressantes comme le personnage de Judas, qui trahit Jésus sur la demande de celui ci, jouant le rôle qui lui est imparti par Dieu, ou bien la fabrication du mythe de la résurrection et du messie par Paul et donc le caractère fantaisiste et limite propagandiste de la religion... mais le propos du cinéaste est souvent confus et le film a constamment le cul entre deux chaises. On retiendra quand même la superbe prestation de Willem Dafoe en Jésus (qui l'aurait cru), qui contraste avec celle étonnamment fade de Harvey Keitel en Judas.

Une preuve si besoin était que les cathos sont des mijorées, choqués par peu de choses.