Grâce à la présence de Jude Law dans le rôle principal, ce modeste film est devenu la seule réalisation assez connue de l’auteur britannique Po-Chih Leong. La Sagesse des Crocodiles offre une lecture contemporaine et inhabituelle du mythe du vampire. Jude Law y incarne une créature traversant les temps (depuis 400 ans précisément) grâce au sang d’amantes transies : il ne peut se ressourcer que si leur âme est pleinement conquise et tendue vers lui.


Le film se situe au moment où s’amplifie le dilemme pour Jude Law aka Steven Grlscz. Il aimerait non pas tomber en amour mais pouvoir jouir de son emprise sur les femmes et Anne, sa nouvelle trouvaille, pourrait être une excellente cible. Mais une prisonnière est plus stimulante lorsqu’elle se sent libre et enthousiaste. La romance est à deux vitesses, comme toutes les relations entretenues par Steven. Suspecté de meurtre, il développe une intéressante complicité avec le flic en charge de l’affaire. Ils deviennent des sortes de confidents méfiants, mais honnêtes et décontractés.


Loin du fantastique et plus encore de l’horreur conventionnels, La Sagesse s’avère plutôt un drame intimiste avec des accents tragiques à contre-courant. La vision glaciale de Steven Grlscz sert d’écrin au film et la passion ne saurait être que froide et dialectique (citation cruciale de la théorie du cerveau triunique). Le spectacle est élégant, finement pervers et profondément désespéré, mais ce désespoir n’est pas criard, il est assimilé avec un pragmatisme morbide et rassure finalement les protagonistes principaux du film. Le vampire a eu le malheur de tomber sur aussi égocentrique et inatteignable que lui.


https://zogarok.wordpress.com/2015/09/20/la-sagesse-des-crocodiles/

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le 29 sept. 2015

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