Les petits gestes font les grandes actions

J'ai passé un bon moment.


Même si le scénario n'est pas parfait. En effet, ça manque un peu de conflits ; il y a bien ces longs moments de suspense durant lesquels on se demande si l'on va ou non dénoncer le fugitif, des conflits internes un peu trop privilégiés (forcément, ce n'est pas simple d'aider quelqu'un dans ce contexte, d'ailleurs le personnage principal n'est pas tellement un héros, non les héros, ce sont ceux qui l'ont aidé). Mais il reste une certaine tension, les enjeux sont forts (le fugitif tout comme ceux qui acceptent de l'aider risquent tout de même leur vie) et les quelques conflits sont bien exploités (quand on suspecte le fugitif d'avoir volé un porte-feuille). Les situations sont bien trouvées, les personnages sont bien écrits, les dialogues aussi.


La mise en scène est superbe et rattrape les faiblesses scénaristiques : quelle photographie ! Que du plaisir à découvrir la ville embrumée, les marécages, la vie de tous les jours. La ville est bien filmée, les nuits sont belles, le jeu de lumière est intéressant, les contrastes sont alléchants. Le découpage est simple, efficace, avec une caméra aux mouvements discrets mais aussi qui parvient à faire oublier quand elle est sur trépied, car il y a du mouvement dans l'image mais aussi parce que le montage est parfaitement rythmé (on reste juste le temps qu'il faut sur chaque plan). Les acteurs sont bons ; je n'étais pas convaincu par l'acteur principal mais au final ce physique de second rôle lui sied bien dans ce film.


Bref, ça se regarde bien.


PS (petit coup de gueule, pas vraiment intéressant de lire ce qui suit) : les collabo ça existe toujours à notre époque. Mais ça se passe autrement. Je travaille dans l'enseignement en Belgique et depuis cette année il est demandé aux professeurs de faire des heures de collaboratif, à savoir des heures non payées où l'on fait des projets ensemble entre profs. Parce que oui, un prof, c'est bien connu, ça se tourne les pouces alors que l'école devrait tout être pour l'enseignant, il devrait y penser constamment. Il faut donc prendre sur son temps (temps utile à la création de cours ou à la correction de travaux) pour élaborer des projets, les concrétiser afin de toujours mieux valoriser les écoles, les élèves. Et, cerise sur le gâteau, chaque prof doit lui-même remplir sa fiche, son plan de travail collaboratif, dire qu'il a travaillé telle date avec tel collègue pour tel projet, tel un petit collabo.
Et pour satisfaire le gouvernement, il faut 60 périodes par an. Je suis dans deux nouvelles écoles cette année (en plus de celle où je suis depuis plusieurs années), cela veut dire que je dois m'intégrer au plus vite aux différentes équipes, m'incruster dans des projets en cours ou bien en proposer alors que je ne connais pas très bien le fonctionnement de ces deux écoles ni les collègues. Et tant pis pour les collègues qui aiment travailler en solo : ils devront faire équipe, sinon on reste en arrière.
Je peux comprendre qu'on veuille faire bouger les choses dans une école, mais je ne suis pas sûr que laisser une centaine de profs par école travailler pendant 60 heures chacun ça amène des choses positives : surproduction ne va pas de pair avec qualité.
Le plus fou, c'est que les directions acceptent cela sans broncher, que dans mes trois établissements, je n'entends pas vraiment les gens se plaindre : ils râlent un peu mais au final, tout le monde trouve un projet auquel se lier, tout le monde se résigne à ce projet imposé. Les syndicats acceptent aussi, ils veulent juste régler quelques détails administratifs pour qu'on ne se fasse pas entuber soi-disant. Mais on est clairement en train de se faire enculer, les amis. Car maintenant que c'est passé, et voyant que tout le monde accepte sans trop broncher, ça va être facile de pousser plus loin ce travail obligatoire et non rémunéré.
Ce qui me tue aussi, c'est que les ministres qui ont mis ça sur pied, si on leur demandait de travailler pour moins d'argent, ils refuseraient (on va pas leur demander de travailler bénévolement, parce que bon, leur salaire est si élevé qu'on a l'impression qu'ils sont payés pour respirer et dormir...) ; mais nous, profs qui n'ont pas droit à des augmentations faramineuses sur toute une carrière (à moins de devenir directeur d'école), nous devons accepter de travailler quand on nous le demande, en plus du travail normal de professeur. Et avec le sourire. Même si les parents nous crachent à la gueule et que les gosses nous pissent à la raie. Merci pour les heures de collabo.
Au final, enseigner dans une classe, c'est ce qui prend le moins de temps sur une journée de prof (entre les projets, les corrections, l'administratif, les réunions, les conseils de classes)... c'est merveilleux !

Fatpooper
7
Écrit par

Créée

le 30 sept. 2019

Critique lue 150 fois

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 150 fois

D'autres avis sur La Septième Croix

La Septième Croix
Freddy-Klein
7

Critique de La Septième Croix par Freddy Klein

Les camps de concentration étaient des lieux de détention de masse que les nazis avaient créés dès 1933 pour incarcérer tous ceux qui exprimaient un désaccord avec le régime, à plus forte raison ceux...

le 22 avr. 2020

1 j'aime

La Septième Croix
TomJonathan
9

Critique de La Septième Croix par TomJonathan

Un drame de guerre exceptionnel, remarquablement interprété, d'un noir & blanc sombre et dépouillé. Comment sauver sa vie quand le monde entier veut clouer votre scalp au piloris du péché d'être mal...

le 8 oct. 2013

1 j'aime

La Septième Croix
Fatpooper
7

Les petits gestes font les grandes actions

J'ai passé un bon moment. Même si le scénario n'est pas parfait. En effet, ça manque un peu de conflits ; il y a bien ces longs moments de suspense durant lesquels on se demande si l'on va ou non...

le 30 sept. 2019

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55