Les camps de concentration étaient des lieux de détention de masse que les nazis avaient créés dès 1933 pour incarcérer tous ceux qui exprimaient un désaccord avec le régime, à plus forte raison ceux qui s'opposaient et lui résistaient. Les premiers détenus étaient de nationalité allemande, socialistes, communistes, démocrates-chrétiens, libre-penseurs. Après les invasions des voisins européens, ce sont notamment les résistants toutes nationalités confondues qui ont pris le chemin de ces camps d'internement.


Les détenus étaient réduits en esclavage et astreints à apporter leur concours à l'effort de guerre en travaillant pour les usines d'armement ou stratégiques du régime. Leur encadrement se recrutait parmi ceux qui sont toujours prêts à offrir leurs services au plus offrant et à ceux qui sont toujours partants quand on leur propose une parcelle de pouvoir sur autrui. Le délateur persévérant et ayant montré sa soumission au régime, pouvait ainsi trouver un emploi à la hauteur de ses convictions et de son absence de scrupules.


La septième croix est l'histoire de Georg Heisler. Il a réussi à s'évader avec six autres compagnons d'infortune du camp de Westhofer en Allemagne. De ce qui se passe dans le camp, nous ne verrons rien, nous apprendrons que Georg y a été martyrisé et battu jusqu'à en perdre le sens des réalités. Cinq des sept évadés se feront reprendre par la Gestapo aidée par la population et crucifié mort ou vivant pour faire des exemples et dissuader les autres détenus de tenter de s'évader. L'un d'entre eux va se rendre volontairement car la fuite lui semble être devenue impossible.


L'instinct de survie de Georg est plus fort que tout malgré ce que les nazis lui ont fait enduré. Il tente de rejoindre sa ville natale Mayence à quelques centaines de kilomètres de là. Il réussira et pourra être pris en charge par un réseau de résistance qui le fera quitter l'Allemagne et rejoindre la Hollande par un bateau empruntant le Rhin.


L'histoire de cette évasion n'a rien de spectaculaire, elle est racontée cependant à un rythme soutenu qui maintient l'intérêt et l'attention. Elle a permis simplement de rappeler que si beaucoup d'allemands soutenaient Hitler et le régime qu'il avait mis en place, s'ils participaient à la dénonciation, à l'arrestation et à la traque des opposants, il y avait également tous ceux qui refusaient la délation et d'apporter leur contribution aux actions de la Gestapo. Comme en France, comme partout ailleurs en Europe, quand des femmes et des hommes décident d'exercer à nouveau leur libre arbitre et de faire ce qui doit être fait.


La septième croix de Fred Zinnemann, en langue anglaise, est sorti sur les écrans américains et britanniques en 1944, adapté d'une fiction de l'écrivaine allemande Anna Seghers. Certains y voient a posteriori un film de propagande américain sans toutefois préciser en quoi il le serait et à quelles fins il aurait été fait.


Si Hollywood était effectivement devenue un instrument de la machine de guerre américaine avec comme mission de distraire pour sauvegarder le moral du « front intérieur », la machine cinématographique devait également contribuer à préparer l'avenir. Et c'est de l'avenir qu'on assigne à l'Allemagne et aux allemands vaincus qu'il s'agit. Les leçons du traité de Versailles après la défaite allemande de 1918 avaient été tirées. Le mot d'ordre « Malheur aux vaincus » qui avait présidé à la rédaction de ce traité et qui avait organisé la pressurisation à l'extrême d'une économie elle-même à terre avait fait le lit du national-socialisme et porté Hitler au pouvoir.


Le plan Marshall et la préparation du rétablissement d'un régime démocratique étaient en chantier, parallèlement à la préparation du débarquement de Normandie. Pour que l'exigence par les opinions publiques du retour du « Malheur aux vaincus » soit contenue, il fallait montrer inlassablement que si certains allemands s'étaient bien rendus coupables ou simplement complices des pires exactions par leur silence et leur connivence, d'autres allemands ne pouvaient pas être assimilés aux bourreaux. La septième croix avait sans doute cet objectif, le suivant sera la réhabilitation des allemands à leurs propres yeux. En temps et en heure, le cinéma s'y emploiera également et cette fois ce sont les cinéastes allemands les moins compromis qui seront sollicités et mis à contribution.

Freddy-Klein
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le 22 avr. 2020

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Freddy Klein

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