Marcello Mastroianni, la quintessence du séducteur italien, le mâle alpha absolu, l'homme devant lequel la plupart des femmes fondent en une microseconde. Claudia Cardinale, devant laquelle celui qui est en train de taper cette critique a sérieusement du mal à trouver des mots pour exprimer ce qu'il en pense... vous voyez le Loup de Tex Avery... ben voilà... Les deux qui sont réunis ensemble, pour former un couple de cinéma, et là on se dit...ouah...


Mais avec Mauro Bolignini derrière la caméra et, notamment, Pier Paolo Pasolini au scénario, pas franchement les types les plus fendards et les plus optimistes du siècle dernier, on se dit que forcément il va y avoir un os quelque part... ou plutôt un organe...


Et on se dit aussi que Marcello Mastroianni n'avait pas peur de prendre des risques, en incarnant l'opposé de l'image qu'on se fait d'un séducteur flamboyant, à travers le portrait émouvant d'un impuissant sensible et en quête d'un amour pur ; croyant le trouver, à tort évidemment, avec celui du personnage joué par Claudia Cardinale. Interprétation inhabituelle pour la comédienne en jeune femme, bien de son milieu, naïve dans un premier temps mais extrêmement froide et rationnelle ensuite.


La Société ne veut pas de sensiblerie et de pureté de la part d'un homme. C'est pour les gonzesses tout cela. Un véritable homme se tape un maximum de femmes avant le mariage, et après, occasionnellement bien sûr tout en n'oubliant surtout pas le devoir conjugal car un ménage se doit d'avoir des gosses. Plus de gonzesses tu te taperas, plus homme tu seras. Plus vite tu engrosseras ton épouse, plus mari tu seras. Et tant pis si ça va à l'encontre de sa nature profonde. La charge est féroce. Même l'Eglise, censée défendre la pureté et autres valeurs spirituelles, est épinglée pour son hypocrisie. La séquence où le père du protagoniste (Pierre Brasseur, excellent !) hurle, à un homme d'église, qui n'a même pas le courage de lui tenir tête, les contradictions de la sainte institution sur le sujet, vaut son pesant d'hosties. Hypocrisie, machisme, et évidemment cupidité en supplément, devise officieuse de la société italienne et de n'importe quelle autre société dans le monde.


Un rebondissement à la Félix Faure et un faux happy end cinglant plus tard, on sort admiratif de cette oeuvre forte, à la réalisation élégante, couple d'acteurs plus glamour on meurt, noir et blanc sachant utilisé habilement les contrastes, sombres pour les scènes intimes (la séquence de pré-générique est un bijou !), en pleine lumière pour les scènes qui ne le sont pas assez car toute la ville en parle, cadrages soignés ; bref du bel ouvrage au fond aussi tragique que féroce.

Plume231
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le 3 janv. 2018

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