Chez Macdo, tout est bon sauf le patron. Non je déconne, et si vous voulez tout savoir, vous vous faites bien entuber quand vous déboursez près de 7€ votre Big Mac compte tenu de la garniture de leurs sandwichs. Des lambeaux de coeur de batavia, une sauce de cartouche industrielle, des oignons REG lyophilisés qui gonflent au contact de l’eau, des tomates parfaitement insipide provenant d’Espagne, et des disques de viande aussi plat que des CD-ROM issue de vaches de réforme. Peu de protéines, quantité de glucides et de lipides agrémentés de frites rachitique congelés qui vous redonneront envie de manger à peine 25 minutes après l'avoir ingurgité. Le tout produit en à peine 90 secondes, pour un coût extrêmement faible et un prix de revient substantiel. C'est quand même beau le capitalisme. Etre équipier polyvalent c’est également devoir accepter d’être humilié par le client et de bosser à « mi-temps complet » ce qui ne suffit évidemment pas pour pouvoir payer son loyer sans APL et prime d’activité. La stratégie s’avère payante puisque la firme emploi beaucoup de chômeurs de longue durée, des étudiants, des repris de justice et des quotas d’handicapés qu’ils soumettent à un planning rimant avec flexibilité. Des horaires coupés comme c’est souvent le cas dans le milieu de la restauration ce qui vous donne l’amère impression de perdre toute votre journée.


Mais ne vous y trompez pas, il s’agit bien de travail à la chaîne avec ce que cela implique de conditionnement. L’esprit d’équipe vanté par le petit film promotionnel d’embauche échappe en réalité à toute initiative personnel sans aucune forme d’entre-aide si ce n’est celui de gueuler plus fort que les autres et de fustiger le maillon faible de la ligne de production. Si par malheur un manager vous voit vous tourner les pouces après le coup de feu, on vous fera bien comprendre que la porte est grande ouverte et que le salaire se mérite à la sueur de votre front imbibé par ces résidus d'huile de friture et de graisse vous donnant ce que l’on appelle aussi communément « l’odeur macdo ». Mine de rien, l’enseigne aura sût bouleverser les stratégies de marché, se réinventer au fur et à mesure des générations, conquérir tous les foyers, elle est désormais implanté partout dans le monde entier avec ses spécificités. Comment en on est-on arrivé là ? Comment avons-nous pu dérouler le tapis rouge à une multinationale qui n’a que peu d’empathie pour son personnel et écrase tout sur son passage ? Et bien je vais vous le dire, non seulement vous le voulez bien mais en participant à graisser la patte du système, vous le valez bien. On est ce que l'on mange après tout.


Le Fondateur se propose de lever le voile sur les origines de votre fast-food préféré à l’époque où l’entreprise véhiculait déjà les sempiternelles valeurs mielleuses de partage et d’universalité qui allaient faire d’elle ce temple aux arches dorés dévolue à la société de consommation, symbole de l’impérialisme américain. Le concept révolutionnaire aura été d’appliquer les principes du taylorisme-fordisme aux cuisines avec le « Speedee Service System » permettant de diminuer de moitié l’attente des clients grâce à une organisation du travail finement rôdé comme un ballet musical incessant. Derrière toute succès story se cache souvent l’histoire d’un homme parti de rien ce dont raffolent d’ailleurs les américains parce qu’elles représentent un certain idéal du rêve vendu par les républicains selon lequel tout est possible si on y croit suffisamment fort et que l’on s’en donne les moyens. Cet homme c’est Ray Kroc, un minable petit commercial itinérant qui joignait péniblement les deux bouts en vendant des machines à milk-shake. Le hasard lui fera faire la rencontre des frères McDonald qui étaient alors à la tête d’un fast-food traditionnel et familiale.


Soucieux de maintenir la qualité et l’équilibre de leur marque, les deux frangins se contentèrent de gérer leur restaurant faute de pouvoir assurer la démarche qualité de leurs autres enseignes. C’est justement ce que va leur apporter Ray Kroc en les convainquant de franchiser leur idée à travers tout le pays afin d’en exploiter le filon sans même se douter qu’ils finiraient dévorer par un poisson bien plus vorace, s’accaparant leur invention et ne leur laissant que les restes d’un empire portant leur nom. Cette gloire soulève ainsi une part d’ombre, celle de Ray aura été de s’émanciper de l’emprise de ses patrons par un habile tour de passe-passe et de contrat immobilier contraignant les autres franchisés à respecter la charte qualité sous peine de résiliation de leur bail loué auprès de sa société. Une manœuvre habile et sournoise qui lui permettra d’avaler toute la corporation. Peut-on vraiment lui en vouloir malgré l'empathie suscitée par la naïveté de ces deux fondateurs laissés sur la touche ? La question n'est pas tant de savoir comment ni pourquoi mais bien de se demander si vous préférez être celui qui porte les cravates jaune dégueulasse en écrasant des traînes savates ou bien de vous faire manger comme moi en vous faisant exploiter puis remercier une fois le travail accomplit. Merci bien esclave, les empires se sont bâtis grâce aux bougnoules de ton espèce.


Ce qui importe c'est bien que l'institution puisse rester à la prospérité, les ouvriers ne sont que des rouages interchangeable managés par des négriers qui ne portent pas vraiment leur noms, personne n'est réellement indispensable au bon fonctionnement de la marche de l'entreprise, et c'est d'ailleurs toute la beauté de la chose. L’histoire suscite évidemment son lot d’admiration et d’indignation. Cependant, le réalisateur évite soigneusement le manichéisme confondant, car s’il nous convient de juger l’entrepreneur comme quelqu’un de particulièrement impitoyable, d’antipathique et d’arrogant à mesure de son ascension, il faut néanmoins lui reconnaître un véritable talent de meneur d’hommes et un flair ambitionnant faute d’avoir été le vrai visionnaire de cette industrie. Son intelligence aura surtout été de bien s’entourer et de couper l’herbe sous le pieds des prétendants et partenaires d’affaire afin de s’éviter le couperet d’une trahison. Le fait est que jamais cette société n’aurai pu devenir ce qu’elle a été sans la stratégie de marché et d’optimisation fiscale, ainsi que l’impulsion de Ray Kroc mais il faut dire aussi qu’elle n’avait pas pour but à le devenir à ses origines qui comme le géant du café Starbucks aura été pervertit comme tout business florissant. C’est tout la partie viciée du rêve américain avec ce que cela implique de requins et de coups bas pour arriver au sommet de la chaîne alimentaire. Rien de personnel comme souvent, seulement le monde des affaires. Les patrons c'est comme les cochons, ça ne mérite qu'une volée de plombs.

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le 6 janv. 2024

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