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Et aller, encore un film pour tenter de bouger les choses. Et encore un film qui ne va pas assez loin.
On commence ce film sur 15 minutes de blabla chiants. Des images et du son emprunt au film Human, qui m'avait émue à l'époque, que je trouve bien de trop anthropocentré transposé à ce film ci.
Yan Arthus Bertrand parle de lui. Il nous parle de l'humanité et il nous fait un petit cours d'histoire.


Nous partons sur l'histoire de l'humanité. Ses débuts, ses victoires, son "intelligence" et sa "coopération". ça parle d'homme, d'homme et encore d'homme. Tellement d'hommes que ça fini par me pomper mon énergie à chaque mention de cet homme si grand, si fort.. bordel.
Il nous dit que l'homme s'extrait de sa condition animale par son intelligence et sa coopération ?


Mais non, nous restons des animaux, quoi que nous fassions. L'intelligence n'est pas réservée qu'à l'humanité (espérons que dans homme, il y place aussi les femmes). La sociabilité, la coopération n'est pas non plus réservée qu'à l'humanité. Tout comme l'élevage et l'agriculture. Notre intelligence est différente, mais pas meilleure que d'autres. Cet anthropocentrisme planera au dessus de ce film du début à la fin, nous envoyant des généralités absurdes aux visages.
Parlant des animaux comme de boules de comportements instinctif, survivant pour le seul but de procréer et transmettre son patrimoine génétique. Bienvenue dans la compréhension du vivant des années 70.


Le film continue sur le zoom de l'humanité, une grande masturbation sur des images du film Human, des grands discours et des grands mots pour dire combien l'humain est ingénieux et fort. Pourtant, il le dit lui même; sur une échelle de 24h, sur l'histoire complète de notre planète, l'humain apparaît à 23h58. Et il découvre le pétrole à 24h - 5 millisecondes. Pour moi, c'est quand même la preuve que l'humanité n'a jamais rien eu de bénéfique sur cette planète. M'enfin, on aura ce discours masturbatoire jusqu'au milieu du film.


A 50%, nous basculons vers les conséquences de notre avancée. Enfin, me suis-je dit, lançons nous pour faire percuter les spectateurs. Changeons la ligne qu'on nous rabâche dans les documentaires depuis le début des années 90, stoppons cet optimisme qui devient obscène qui bercent les indécis pour les garder dans le statu quo. Parlons des vraies choses, sans fioritures, sans récits mignons et sans filtres.


Ben.. je suis un brin déçue. Alors oui, ça parle de ce qui ne va pas, on parle d'énergies, de pollution, de plastique.. Je trouve le ton.. pas assez fort. Il n'y a pas de réelle prise de position.
A 1h10 de film, on parle des animaux ! enfin ! Bon dieu, c'est pas trop tôt, c'est quand même eux qui souffrent et qui meurent en masse pour nous. On nous parle des abeilles qui sont louées par milliards venant d'australie pour polliniser des arbres en californie, des usines de cochons à la verticales en chines, des veaux issus de l'industrie du lait et du bétail pour la viande..
Il parle de notre "manque d'humanité".. ahah, j'ai rit.


C'est marrant de parler de manque d'humanité sur quelque chose qui est tellement ancré dans notre vie que ça fait pleinement partie de ce qu'est l'humanité. C'est profondément humain la créativité illimité pour tuer l'autre..


1h20, (10min sur un film de 2h pour parler des animaux, c'est bien assez hein) il remet en question ce qu'il disait dans son film "home" dans lequel il survendait le bénéfice de l'énergie renouvelable, dite "verte". Il a pris conscience que ces énergies ne résoudront rien. Qu'elles ne servent qu'à détourner l'attention tout en nous permettant de nous gaver de plus en plus de pétrole. Oui, c'est bien mon coco, mais en attendant, ces énergies là ne sont pas vertes. C'est quand même un peu dommage de permettre de continuer à croire à cette illusion. C'est aussi ça notre héritage.. croire en la possibilité d'un sauvetage technologique illusoire pour nous sortir de nos conneries...


Et puis d'un coup, BIM, le face cam. Chaud. Je ne l'avais pas vu venir celle là. Je me suis pris un YAB septuagénaire en plein visage d'un seul coup. Et ça part un peu en too much.
Attention, je ne dis pas qu'il ne dit que des b^etises. Au contraire, critiquer les COP et parler des jeunes qui tentent de faire bouger les choses, c'est une très bonne choses.
Mais finir par "il faut décarboner nos vies" sans évoquer la décroissance une seule fois.... ça passe moyen. "disons à nos enfants qu'ils arrivent sur terre au début d'une histoire et non pas à sa fin" est utopiste. Il diffuse les portraits déjà vu dans Human et les détourne pour porter un message d'amour : "imaginez ce qu'on pourrait faire tous ensemble".. Et "la seule énergie durable, c'est l'amour" ? sérieusement ? on n'est pas dans le cinquième élément là mon pote.. on parle de la vraie vie, avec des vrais humains dedans. L'égoïsme qui étouffe les autres, le profit, le pouvoir, la course pour tout avoir, tout posséder au détriment de tout le reste, prendre appuie sur celui qui coule pour pouvoir respirer et survivre, envoyer ses déchets chez le voisins pour consommer toujours plus chez soi, tuer à tour de bras sans arrêt, sans contraintes, donner la parole, encore et toujours à la haine, à la tuerie, à la violence... Ton amour utopiste, tu te le fout au cul.


Le Covid, si on accepte d'être tous enfermé, c'est parce que nos gouvernements ont pris des décisions. Ils se tapent de nos ressources, de nos gestions et de notre futur. On traite le covid pour ne pas faire trop de pertes immédiates. Le futur, c'est pour les futures générations. Et l'humanité, elle pense comme ça : Après moi le déluge. Merci, bisou et bon courage pour gérer ma merde les enfants.
Stop ces films bien de trop mignons, bien de trop optimistes !


Depuis ma naissance, la planète à perdu 70% du vivant. Depuis les années 90, nous avons chaque année notre lot de films écolo, sensé nous faire ouvrir les yeux. On pleure deux minutes et on passe à autre chose. Ils finissent tous par un message d'amour apaisé, comme une tape sur le haut du crâne pour nous dire que tout va bien alors même qu'on nous prouve notre catastrophique futur.


Bref, énième docu identique au précédent. Rien ne neuf, rien de nouveau, toujours la même rengaine. Si ça peut faire prendre conscience des choses à quelques personnes, j'en suis heureuse. L'apaisement de fin ne sert qu'à nous faire oublier l'atrocité de notre monde et l'urgence qu'il y a à prendre les choses en main.
Au moins, ce sera toujours mieux que l'enfer du docu "une vie sur notre planète" de Attenborough :/

Storsky
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le 27 janv. 2021

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