Jet Li avait déjà tourné dans une sorte de remake de La fureur de vaincre/Fist of fury, nommé Fist of legend (qu’on pourrait traduire par "poing légendaire"), mais quand même, "Legend of the fist", la légende du poing, que c’est idiot comme titre…
Le pitch est d’une connerie supérieure encore, le genre de truc tellement improbable que ça n’a pu être conçu que sous l’effet de l’alcool et/ou la drogue : Chen Zhen, le héros de La fureur de vaincre (Fist of fury) n’est pas mort, il devient un super-héros en enfilant le costume de Kato dans Le frelon vert, autre rôle de Bruce Lee, et au passage se bat pendant la seconde guerre mondiale.
Comme ça, ça sent le nanar, et quand j’avais cherché de bons films de Donnie Yen sur SensCritique, la moyenne de Legend of the fist ne m’avait pas encouragé… mais voir dans la bande-annonce l’acteur Cantonais se la jouer à la Spider-man en zigouillant des soldats Allemands, ça m’a immédiatement donné envie.
On ne sait pas pourquoi, mais Chen Zhen se retrouve en France avec d’autres Chinois, en pleine zone de guerre. On ne sait pas non plus pourquoi ni comment, mais apparemment il a des super-pouvoirs maintenant. Il fait des bonds de félin sur ses ennemis, court entre les balles, grimpe sur les murs, et tue presque tous les ennemis à lui seul.
C’est hilarant tellement c’est n’importe quoi, et en même temps un peu impressionnant, parce que le réalisateur s’est octroyé les moyens d’aller au bout de son délire : c’est pas trop mal foutu niveau FX, et la violence over-the-top est sympa et un peu inventive.
Bon par contre, ça n’est pas avec ce film qu’on peut admirer les compétences de Donnie Yen, puisque l’action se base sur des accélérés, un montage très cut, et l’usage de câbles.
Cette intro semble d’autant plus absurde ensuite, puisqu’elle n’a aucune utilité par rapport au reste de l’histoire.
Le héros retourne en Chine, où il est pianiste dans un club branché. Par son impertinence, il y tient tête aux Japonais qui ont envahi le pays, et il fait secrètement partie de la résistance. Il arbore tout du long une fausse moustache fine, façon John Waters, qui ont la même fonction que les lunettes de Superman quand il est Clark Kent… sauf que cette moustache n’a aucune raison d’être, car elle est déjà là avant que Chen n’adopte une double identité de super-héros.
Un soir, il passe devant un ciné qui projette un film d’héros masqué, et dont la devanture exhibe le costume (bien sûr, à l’époque déjà on utilisait ce procédé promotionnel…). Et quand quelqu’un se fait attaquer à proximité, Chen Zhen arrive à son secours après avoir pris le temps de dérober et enfiler ce costume…
Honnêtement, Donnie Yen a l’air con la moitié du temps dans ces habits, et on ne le sent pas trop à l’aise.
Il y a des plans de circonstances où il prend des poses censées être héroïques, mais c’est très factice, et les effets visuels employés de temps en temps sont ridicules (il y a une sorte de travelling compensé virtuel, en compositing, c’est vraiment moche)
C’était intéressant, à un moment donné, l’idée que le méchant lance une compétition pour voir qui des deux partis arrivera à tuer ou sauver le plus de gens parmi les opposants aux Japonais.
Autrement, les intrigues politiques ne sont pas très claires, et au final le film est beaucoup trop premier degré… tout en manquant de profondeur. Ca se traduit par un manichéisme, qui fait de tous les Japonais des enfoirés, ou par des séquences de drame ou de tension qui sortent de nulle part, et n’ont alors aucun effet.
J’ai eu l’impression parfois d’avoir raté un épisode : soudain la chanteuse du cabaret part avec Chen Zhen, comme s’ils étaient en couple… ah, bon ?
Et les quelques tentatives comiques tombent à l’eau.
The legend of the fist aurait gagné à rester dans ce délire WTF et décomplexé qu’annonçaient la BA et le début du film. J’en attendais un spectacle débile, mais avec de l’action fun… et là aussi j’ai été déçu.
La lisibilité n’est pas terrible, il y a quelques combats où on comprend encore ce qu’il se passent même si les plans changent trop vite et qu’il y a des sautes d’axe… mais il y en a d’autres où le réalisateur n’en avait rien à foutre, et il n’y a aucune continuité d’un plan à l’autre.
Quand aux scènes de fusillades, elles sont carrément chaotiques.
Et moi, même quand il y a de l’action, si c’est mal foutu, je m’ennuie.
C’est très décevant. Autant juste regarder la séquence de début sur Youtube, et éviter le reste du film.
PS : Pour une fois, il y a des personnages français incarnés par des acteurs qui parlent vraiment français ! J’ai été très surpris.