N’avez-vous jamais ressenti ce besoin d’envoyer chier les gens pour vous recentrer sur vous-même ? Pour ma part, il s’agit d’un sentiment familier, l’aboutissement d’une enfance doré dans une bulle protectrice à l’écart de la ville et des cités HLM, d’une adolescence difficile de souffre douleur à celui de bourreau au tempérament excessif, de troubles borderline et de 10 ans d’une carrière dans la restauration, le travail de forçat, et l’hôtellerie. Donner sans jamais recevoir, si ce n’est des injures et des gadins sur la poire. Alors quand vient l’heure de se reposer après une semaine bien chargée, on a pas envie de voir du monde mais de se ressourcer ou bien de vaquer à ses passions. La mienne depuis plus d’un an est celle de mettre sur papier des anecdotes de vie à travers des critiques de tous les films que j’ai vu et aimé à défaut d’avoir eu une vie sociale bien remplie. Une forme de pénitence pour avoir négliger ma famille, mon couple et mes amis, étant bien plus doué pour les relations professionnels, les travaux et la gestion de ma clientèle.


Chacun sa vie, chacun son combat, mais le fait est que je me suis reconnu dans les deux protagonistes de ce film, notamment Colm, un troubadour misanthrope qui vie de regrets amers, celui de ne laisser rien d’autres que son chien, un lopin de terre et une maison de pierre. Un jour il se réveil avec la sensation de devoir écrire une symphonie, histoire de faire quelque chose de sa vie pour tromper l’ennui, du coup il ne veut plus être ami avec Pàdraic qu’il ne supporte plus depuis longtemps et qu’il tient en bien piètre estime, non pas que ce dernier soit un sinistre connard, c’est plutôt un mec bien, du genre gentil mais aussi idiot avec des sujets de conversation qui ne vole pas bien haut, du genre parler du temps qu'il fera au printemps, ou bien à décrire la consistance des crottes de ses bourriques, bref vous voyez le genre de poivrot qu’on rencontre parfois dans les bars ou dans la France Profonde que j’ai bien connu avec des conversations qui se conclue par des « ouais ouais ouais, bon ben c’est pas tout ça, mais je vais me rentrer pour préparer le souper ».


Cette banale querelle entre copains pourrait presque faire écho à la guerre civile résonnant au loin, bien que le scénario se cantonne ici à une tempête dans une pinte de guiness, un grand rien qui va pourtant semer le trouble sur toute la communauté. L’histoire absurde et méchante d’une rupture amicale bien peu cordiale qui se manifeste par des coups, des cris et des sanglots, parce que Pàdraic n’a pas grand-chose dans sa vie et ne possède pas la même philosophie si ce n’est celle de vivre l’instant présent en toute insouciance, car heureux sont les simples d’esprit. Tandis que Colm dans son désespoir est un grand penseur, un bullshit artist qui cherche à composer la mélodie parfaite qui traduirai au mieux la condition de ces insulaires qu’il côtoie au quotidien et qu’il assimile à cette vieille banshee dont les gens préfèrent se détourner. Malgré le comportement odieux de son ami, Pàdraic n’arrive pas à se résoudre à ne plus lui parler ce qui lui demanderai de devoir faire son deuil et à supporter la solitude malgré la présence de sa sœur qui passe son temps à le materner et à le mettre en garde face aux ultimatum répétés. Du coup il va forcer en changeant systématiquement son angle d’attaque, qu’il soit mielleux, compatissant ou bien dans l’énervement, il se retrouvera systématiquement confronté à un roc inébranlable à l’image de ce décor constitués de rochers, de crevasses et de falaises à-pic qui ne mène qu’à des impasses. De plus, cela va avoir le don d’ulcérer le violoniste qui finira par se couper les doigts pour les lui balancer sur son porche d’entrée, une cruelle façon de le faire culpabiliser, peut-être aussi pour se donner une excuse pour échouer et ne plus à avoir à jouer de son instrument préféré.


Les Banshees d’Inisherin n’est pas seulement une comédie absurde et grinçante, c’est un drame qui fait réfléchir sur cette quête existentielle que chacun d’entre nous se doit de mener, avec des exemples concret de destin tragique qui se noue derrière les rires et répliques bon enfant, tel que cet adolescent alcoolique dont le père policier finira par pleurer la dépouille au bord de la jetée après l’avoir copieusement violenté et plus si affinités. La seule qui esquissera un ailleurs, c’est Siobhan la sœur de Pàdraic qui rêve d’un autre bonheur pour quitter cette atmosphère délétère que certain jugerai de paradis mais que l’on peut aussi comparer aux limbes de l’enfer. On rencontre d’autres gens, on fait un bout de chemin ensemble, mais faut pas se faire d’illusion. Comme Jenny l’ânesse solitaire du film, on naît seul, on vit seul, on crève seul et parfois juste après une indigestion provoqué par l’ingestion d’un gros doigt boudiné.

Le-Roy-du-Bis
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le 6 juil. 2023

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