Waterworld Origins

Curieuse réussite que ce film clairement fabriqué pour être une bête-de-concours des festivals internationaux. Tous mes instincts auraient dû s'élever contre ce projet... En plus les vingt premières minutes ne sont qu'une glorification assourdissante de la pauvreté et la misère ! En la matière, Dodes'kaden le précède de plus de quarante ans et n'est pas Kurosawa qui veut. Surtout un Kurosawa dépressif.

Et puis le malaise s'estompe. L'honnêteté brutale avec laquelle Benh Zeitlin filme les tribulations de Hushpuppy, enfant prodige du bayou profond, laisse loin derrière tous les préjugés sur les films-de-festivals et leurs travers.

La comparaison avec Kurosawa ne s'avère pas vaine car le film va lorgner ouvertement vers un autre illustre japonais : Hayao Miyazaki. Les Bêtes éponymes feront évidemment penser aux Dieux-Sangliers de Princesse Mononoké, mais bien avant cela, même durant les lourdes premières minutes, j'ai pensé à Conan, le Fils du Futur, avec cette civilisation industrielle peu enviable qui s'étend à perte de vue tandis que les jeunes héros vivent de la nature, à la dure.

Suite à quoi, Zeitlin achemine son véritable sujet, l'acceptation de la mort, avec bien plus de tact et d'érudition. Tout le segment du voyage en bateau aux "Champs Elysées" ( nom donné à l'espèce de Diner-Bordel où se rend la gamine ) témoigne d'une authentique maîtrise, tant cinématographique qu'intellectuelle.

C'est alors que je me laisse aller à pleurer à chaude larmes. Je me rends bien compte que c'est de la triche. Qu'il s'agit d'une histoire qui me touchera plus que quiconque car j'aime Kurosawa, que mon film préféré de tous les temps est Princesse Mononoké, et que j'ai une petite fille... Mais je ne peux que m'incliner devant l'immense impact émotionnel que ce film a eu sur ma personne.