Scorsese essaie... mais n'y arrive toujours pas

Les années 90 marqueront une étape de changement dans le cinéma de Scorsese : le cinéaste se tournera vers un cinéma plus... comment l'appeler ? Plus accessible? Plus grand public? Plus commercial (sans connotation péjorative)? Ce "Cape Fear" en est un premier témoignage. Son scénario est nettement plus simple et direct que les précédents travaux du réalisateur et lorgne plutôt du thriller et de la série B à suspens.

Un avocat se voit harcelé par un ex-client revanchard qui vient de sortir de 14 ans de prison et est bien décidé à lui faire payer ces années perdues... On ne fait pas plus direct. Dans le rôle du taré de service, on retrouve ce bon vieux Robert De Niro, toujours là pour filer un coup de main à son pote Martin et qui cabotine toujours autant. Je n'ai jamais été un grand fan de l'acteur et de son jeu et ce n'est pas ce coup là que ça changera. Je reproche toujours à De Niro de rejouer plus ou moins la même partition et d'en faire des caisses. A côté, Nick Nolte s'en sort bien mieux et on découvre que Jessica Lange n'a pas toujours été vieille et alcoolique (contrairement à ce que AHS pouvait laisser penser). A leurs côtés, une toute jeune Juliette Lewis confirme déjà tout le bien que je pensais d'elle.

Le film en lui même m'a toujours laissé une certaine frustration. Quand il essaie de changer de genre, Scorsese ne convainc jamais vraiment. Ici, on y retrouve à nouveau le goût du cinéaste pour les monologues interminables (que se fait un plaisir de déclamer De Niro) et il ne parvient jamais à embrasser l'efficacité de son scénario. Scorsese ne sait pas gérer le suspens et la tension et échoue à retranscrire le harcèlement progressif de cette famille. Il se perd dans des rebondissements secondaires pas très intéressants (le détective privé) ou difficilement vraisemblables (la fuite de la famille après le meurtre dans leur maison). Même l'affrontement final ne parvient pas à convaincre et verse presque dans le grand guignolesque.

DocteurBenway
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le 20 avr. 2024

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