Sur la plage belge de son enfance, Agnès Varda, cinéaste, photographe et plasticienne française, marche à reculons. Prête à remonter le temps. Elle semble s’amuser de cet exercice, et cherche sa propre définition du portrait : « Si on ouvrait les gens, on trouverait des paysages. Moi, si on m’ouvrait, on trouverait des plages ».
C’est donc sur les lieux traversés tout au long de son existence qu’Agnès Varda s’appuie pour réaliser son autobiographie. Brussel, Sète, Paris, Los Angeles, Noirmoutier. A chaque fois, des plages. Ces villes, qui représentent des tranches de vie, sont sources d’anecdotes : les jeux d’enfants après l’école sur la Péniche de la Pointe Courte, le remaillage des filets sur le port, ou encore l’achat de son premier Rolleiflex.
Ils sont aussi l’occasion de parler des rencontres qui ont jalonné son histoire. « Je raconte ma vie, mais j’aime parler des autres. » nous confie-t-elle. Lorsqu’elle rend hommage à tous ces amis et artistes aujourd’hui éteints, dans son exposition photos au festival d’Avignon, l’émotion envahit l’espace. Et bien évidemment, Varda en vient à Jacques Demy, « le plus chéri des morts », filigrane omniprésent, compagnon de toujours aujourd’hui disparu.
Mais le portrait qu’elle nous peint est aussi plein d’humour. Une espièglerie malicieuse pointe à travers sa voix, narratrice de sa propre histoire.
Au sein de ce méticuleux collage, ce sont des souvenirs, des fantasmes et des rêveries que la réalisatrice s’emploie à assembler. Les supports utilisés sont multiples ; outre les éternelles photos ou archives filmiques, Varda nous plonge dans des reconstitutions et des installations étonnantes, frôlant parfois l’esthétique surréaliste. Pièces éparses de sa vie, de son art et de son univers, Les Plages d’Agnès est ce puzzle que chacun se plaira à déchiffrer.