Exit les titres français à rallonge dont tout le monde n’arrête pas de se moquer. Je suis heureux que ma mère soit vivante, Non ma fille tu n’iras pas danser, J’ai toujours rêvé d’être un gangster…les films aux titres fleuves ont la cote et laisser flotter un doux sentiment d’indécision, d’imprécision, ou tout cela à la fois. Ici, deux lettres, un simple mot, peut-être un des plus universel : NO. Mot qui constitue en lui-même toute l’identité du film. L’idée d’un refus clair net et précis. L’histoire ? Pinochet, face à la pression internationale, met en place un référendum sur sa présidence. Malgré la résignation de l’opposition face à ce pastiche de démocratie, elle choisit d’utiliser le temps d’antenne qui lui est accordé pour défendre ses idéaux. Pour cela, l’équipe fait appelle à un jeune publicitaire brillant, aux méthodes innovantes.
Pendant presque deux heures, nous suivons la mise en place de cette campagne. Comment rendre le NO à la mode, tendance, attractif ? Comment en faire un slogan, une marque ? Ou plutôt, nous suivons le publicitaire Saavedra, incarné par Gael Garcia Bernal, tout à fait convaincant en jeune chilien inventif. Ce n’est pas la première fois que l’acteur joue un personnage dont l’existence a une portée historique. Dans Carnet de voyage, de Walter Salles, il interprète Che Guevara lors de son voyage initiatique. Plus dans l’ombre, et certainement moins passionné, Saavedra n’est pas un personnage héroïque. La campagne du NO, il ne l’accepte pas vraiment par conviction, mais plutôt comme un défi à relever.
Enfin, la réussite de ce film est en grande partie due à l’idée lumineuse de Pablo Larrain : tourner avec des caméras datant des années 80. Une esthétique singulière semble nous plonger dans un ancien documentaire. Et pour cause : un grand nombre d’images d’archives sont présentes. Pourtant, grâce à l’ingéniosité du réalisateur, elles se confondent parfaitement avec les images récentes.