Sans être un immense fan de Dolan, j'apprécie toutefois son cinéma. En fait, il n'y a aucun film de lui que je n'aime pas. Même les Amours imaginaires, qui est celui que j'apprécie le moins, ne m'a pas laissé indifférent.

Si je dis ça, vous vous en doutez, c'est car il n'y a un truc qui ne va pas avec Ma vie avec John F. Donovan, non pas que le film est mauvais… Ouf ?… en fait, peut-être même pire que ça : c'est la première fois que je regarde un film de Xavier Dolan qui ne raconte rien de nouveau.

Si je voulais me montrer taquin, je dirais que Ma vie avec John F. Donovan embrasse complètement la structure de Laurence Anyways… mais en moins bien. Plus sérieusement, Ma vie avec John F. Donovan ressemble effectivement un peu trop au film précédemment cité. Le truc, c'est que face à lui, le propos du film dont il est question aujourd'hui frappe forcément moins fort : suivre une personne qui se découvre être une femme transgenre dans les années 90 m'émeut plus qu'une star des années 2000 cachant son homosexualité. L'autre truc, toujours pour comparer avec Laurence Anyways, c'est que Ma vie avec John F. Donovan se révèle moins bon que ce dernier sur toute la ligne. Outre le fait que le scénario possède de nombreuses failles (j'y reviendrai plus tard), c'est surtout la faiblesse de la photographie qui m'a désagréablement surpris : les plans ne sont pas aussi brillamment composés, se révèlent plus classiques, plus proches de ce qui se fait dans les autres films que l'on peut voir au cinéma (je ne comprends d'ailleurs pas le choix du 2.35:1 si ce n'est pour bêtement « plaire » aux états-uniens). C'est d'autant plus surprenant quand on sait que c'est André Turpin qui s'est occupé de la photographie, à savoir l'homme derrière Incendies, mais aussi d'autres films de Dolan tel que Tom à la ferme, mais surtout Mommy.


Pour continuer à comparer avec le reste de sa filmographie, sans trop de surprise, Dolan fait du Dolan. On retrouve donc de nombreux éléments déjà présents dans ces précédents films, comme entre autres :

  • une relation compliquée avec la mère ainsi qu'un père absent ;
  • un personnage qui a quelques problèmes avec sa scolarité (quitte à ce qu'en devienne caricatural ici) ;
  • un personnage principal (en l’occurrence des personnages principaux) homosexuel ;
  • l'anecdote de la lettre envoyée à Leonardo DiCaprio quand il n'avait encore que 10 ans… heureusement, il la traite davantage ici puisque c'est l'un des sujets principaux du film ;
  • l'utilisation de musiques populaires.

Cependant, bien qu'il en ait déjà parlé dans plusieurs interviews, il ne me semble pas que les superhéros aient été déjà mentionnés dans ces précédents films : Xavier Dolan ayant, en effet, toujours voulu réaliser un film de ce genre-là. Difficile d'ailleurs de ne pas faire le lien entre Hellsome High, la série de superhéros que l'on peut apercevoir dans le film et dans laquelle joue John Donovan, et la scène avec les parents d'Iceberg dans le X-Men 2 de Bryan Singer.


L'un des problèmes que je n'ai pas évoqués jusque-là est le montage du film… en effet, Ma vie avec John F. Donovan a passé deux ans à être monté… et l'on sent qu'ils ont rencontré quelques problèmes à ce niveau-là. Outre le fait que Jessica Chastain ait été éjectée du montage final (rien que ça), d'autres choix m'ont paru suspect ou m'ont gêné. Par exemple, Michael Gambon interprète le narrateur, du moins si j'en crois la notice Wikipédia ou la fiche AlloCiné… le personnage ne narrant en fait rien du tout : apparaissant comme par magie avant de disparaitre aussitôt. Comme si le film se mettait tout à coup à rentrer dans un délire plus « fantastique »… je serais tenté de dire que c'est pour faire la blague Harry Potter, étant donné que Michael Gambon est l'interprète de Dumbledore dans l'adaptation cinématographique de la saga… mais le pire, je pense vraiment que c'est pour ça, pour rendre hommage à l'interprète de Dumbledore : Xavier Dolan étant aussi connu au Québec pour doubler Ron Weasley. À mon avis, Michael Gambon devait simple narrer l'intégralité de l'histoire avant que l'on se rende compte une fois arrivé à la fin qu'il en faisait partie intégrante… mais franchement, en l'état, le personnage n'a pas grand-chose à foutre dans le film en tant que tel, et ce qu'il dit n'apporte rien d'intéressant. Dans le même registre, l'interview entre la journaliste (Thandie Newton) et Rupert, une fois adulte (Ben Schnetzer), qui ressemble étrangement à Simon Puech, n'apporte pas grand-chose au récit et ne sert qu'à amener une happy end prévisible et là encore décevante pour du Dolan. Plus surprenant est le fait que John Donovan semble souffrir d'un handicap, le personnage étant a priori sourd d'une oreille… sauf que ce n'est traité qu'en surface lors d'une scène et là encore, ça surgit de nulle part. Idem concernant la manageuse de John Donovan, pourtant interprétée par Kathy Bates, qui n'apparaît que trop peu de temps, ne nous laissant donc pas voir la relation qu'a tissée John avec sa manageuse au fil des années.

Bref, ne nous reste-t-il plus qu'à prier pour qu'une version longue voie le jour ?


Ma vie avec John F. Donovan m'a donc quelque peu déçu. J'ai l'impression que Xavier Dolan a voulu trop en faire pour son premier film tourné en anglais, de traiter de plusieurs histoires en même temps, sans y arriver pour autant… Ça expliquerait les problèmes de montage et le fait que certaines parties ne soient traitées qu'en surface en tout cas. Je déteste cette formulation, mais je serais tenté de dire que Ma vie avec John F. Donovan n'est pas un mauvais film, mais un mauvais Dolan. Après, ça reste un Dolan tout de même, ce qui fait que j'ai apprécié le film malgré tout, et que certaines scènes, notamment celles en famille, fonctionnent parfaitement. Dans le même registre, même si la scène fait un peu tire-larmes, j'ai beaucoup apprécié le court passage à Londres avec la reprise de Stand By Me par Florence + The Machine (reprise conçue pour Final Fantasy XV), même si à la place du gamin, je m'en serais probablement pris une. Aussi, si Jacob Tremblay est toujours aussi bon (par pour rien qu'on l'a déjà vu jouer dans des dizaines de films et de séries différentes à même pas 17 ans), j'ai été davantage surpris par l'interprétation de Kit Harrington, qui ne m'a jamais vraiment convaincu dans Game of Thrones.

M'enfin, les qualités restent quand même bien maigres, surtout comparées aux autres films du réalisateur. Décevant.

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le 17 juin 2023

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MacCAM

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