Marina, la Petite Sirène par Blumenberg

En redécouvrant Marina la petite sirène, j'étais dans l'optique de dénigrer l'œuvre car les circonstances ont fait que j'étais incapable d'être objective. Je reprochais à l'héroïne d'être cruche mais en réalité c'est ce qu'elle doit être. Marina n'est pas une belle histoire d'amour, c'est une mise en garde sur ce sentiment ô combien dangereux, notamment pour les jeunes filles. En réalité Marina reprend le conte original et si Marina m'a autant énervé, c'est parce qu'elle représente bon nombres de filles à cet âge. On a tous été aveuglé par nos sentiments au point de vouloir changer et braver des interdits en pensant réellement avoir raison, quand bien même on a tort, on ferme les yeux et on plonge dans le gouffre. Fritz représente le meilleur ami, un frère ou un proche qui accepte Marina comme elle est, hélas ça ne lui suffit pas. Le conte originel et l'adaptation sont identiques, à l'exception d'un personnage que l'auteur s'est permis d'ajouter : Fritz. Mais cela rend le film plus tragique encor, Marina a 15 ans (tout comme la petite sirène), c'est donc une adolescente qui ne sait absolument rien des dangers extérieurs ou du moins elle n'a aucune expérience à ce sujet. C'est cela que le conte de base veut nous montrer : on a beau grandir dans un foyer saint et être aimé par ses proches, le danger peut rôder n'importe ou. Les jeunes filles sont les plus vulnérables mais Marina n'est pas la seule victime et on ne peut pas vraiment en vouloir au prince non plus : il en aime une autre. Rappelons que le prince a son âge et qu'il ne se rend pas compte du poids de ses paroles, notamment lorsqu'il avoue à Marina en aimer une autre. La vie peut s'avérer être cruelle là ou on s'y attend le moins et tout peut basculer. Marina est prête à souffrir, à abandonner sa famille pour son amour et c'est bien ça le problème : elle est ambitieuse pour les mauvaises raisons et c'est ce qui causera sa perte. Mais alors quel est la morale ?

Tout d'abord il ne faut pas changer pour se faire aimer de quelqu'un, ou à moindre mesure. De là à souffrir et abandonner ses proches (et les faire souffrir au passage) vous voyez bien que Marina est en tord.

Ensuite il ne faut pas idéaliser l'être aimé et c'est ce que Marina fait (je dis Marina mais je parle aussi du conte de base, vue qu'elles sont exactement pareil), au point de le placer au dessus de sa propre vie.

Le méchant n'est pas toujours ce que l'on croit. En fait il n'y a pas de méchant dans ce conte, après tout c'est Marina qui va voir la sorcière de son plein grès. Elle la met en garde et l'informe des conséquences funestes qui pourraient y avoir mais la sirène boit tout de même la potion. Marina est son propre bourreau et on ne peut en vouloir à personne, pas même à elle. Le prince lui sauve la vie et assure sa protection (et une belle vie de château tout de même !) Tout est nuancé et ce conte devient une belle métaphore de la Vie, que ce soit dans son plus bel aspect (avec la famille, les proches qui feraient tout pour nous sauver, qui s'inquiètent pour nous) mais également ses dangers (notamment les émotions, choses qui régis constamment notre existence, qu'on le veuille ou non).

La fin en est que plus cruelle, car tout comme la réalité, les fins heureuses existent rarement.