Vraiment déstabilisant. Ou est passée la froideur technique, formelle du cinéaste suédois ? On ressent au contraire dans chaque instant de Monika une passion ardente du réalisateur pour ses deux personnages, ces âmes sœurs errantes qui le temps d'un été vivent "l'idylle" au sens propre du terme, la fugue, l'urgence du moment, avec une chaleur et une énergie comme je n'en avais pas encore croisé chez Bergman. Je suis pas surpris d'ailleurs de lire a posteriori tout le bien qu'en pense Jean-Luc Godard, tant j'ai décelé tout de suite dans dans Monika un parfum de nouvelle vague (ou en tout cas l'idée que je me fais de la nouvelle vague, étant assez novice en la matière), dans cette manière de s'affranchir des conventions, de la grammaire du cinéma au service d'un genre nouveau, et ce au sein même de la filmographie du réalisateur. Et donc, pour reprendre les mots de Godard qui symbolisent bien ce que j'ai pensé du film, "Monika est le film le plus original du plus original des cinéastes" !


J'ai adoré, pour souligner un détail, le plan sur le crucifix dans le bureau de l'officier de l'état civil quand Harry et Monika viennent demander à se marier, j'ai ressenti ce plan pourtant éphémère et insignifiant en apparence comme un clin d'oeil, un rappel aux obsessions du réalisateur, avec toute cette imagerie chrétienne qui caractérise son cinéma.
Une autre chose que j'ai adoré, c'est l'utilisation des fondus-enchaînés, peut-être les plus beaux que j'ai pu voir au cinéma d'ailleurs, qui au delà de leur attrait esthétique et technique créent une sorte de liant entre les scènes, fluidifiant énormément le rythme et la narration, l'escapade parait alors plus vraie et intense que jamais.


Et pour finir, Harriet Andersson est tellement belle (presque aussi belle que la photographie)... j'ai chaviré de nombreuses fois à la vue de sa plastique durant le film, et je n'ai qu'une hâte désormais, c'est de poser les yeux à nouveaux sur un long-métrage où elle aurait un rôle principal. Fort heureusement, ses talents d'actrice ne sont pas en reste, et la jolie suédoise campe son rôle de jeune femme transie par l'amour avec une justesse remarquable ! La nuance de son jeu entre la première (l'escapade) et la seconde partie du film (le retour à la réalité avec tout ce que ça implique) est d'ailleurs assez jouissive à constater.

Créée

le 7 juil. 2016

Critique lue 383 fois

4 j'aime

1 commentaire

Sinbad

Écrit par

Critique lue 383 fois

4
1

D'autres avis sur Monika

Monika
Morrinson
8

L'art du regard

Monika (aussi appelé Un été avec Monika ou encore Monika et le désir) est un de ces films qui valent le détour au moins pour une de leurs scènes. Le regard mélancolique de Harriet Andersson, qui...

le 28 févr. 2015

55 j'aime

15

Monika
Grimault_
10

« Alors vraiment, avec le temps... on n'aime plus »

Point culminant, tant stylistique que thématique, de la première partie de carrière d’Ingmar Bergman, Monika est un incontournable des romances estivales au cinéma. Aussi idyllique que...

le 29 août 2019

34 j'aime

8

Monika
Enolan
8

Jeunesse innocente, jeunesse inconsciente.

(spoiler alert) Viens on s'aime. Viens on s'en va, loin de tout, rien que nous deux, vivons une vie sans attache, sans pression extérieur, vivons la vie comme nous l'avons tant rêvée. Prenons ce...

le 11 févr. 2022

17 j'aime

30

Du même critique

Sur écoute
Sinbad
10

Ceci est tout sauf une critique, juste un simple hommage.

10. 10 pour le réalisme quasi-documentaire. 10 pour la réalisation sobre, classique, et efficace, au service de ses personnages et de son histoire. 10 pour les acteurs d'une justesse inimaginable. 10...

le 29 mars 2015

8 j'aime

6

Mark Dixon, détective
Sinbad
8

Critique de Mark Dixon, détective par Sinbad

Where the sidewalk ends, sorti 6 ans après Laura et reprenant ses têtes d'affiche, le flegmatique Dana Andrews et la sublimissime Gene Tierney, se pose comme un hériter logique de ce qu'Otto...

le 16 août 2016

7 j'aime

1

Les Anges déchus
Sinbad
10

Belle de nuit

J'attendais beaucoup de ce film pour dire la vérité, son affiche m’intriguait, au même titre que l'aura de mélancolie qui s'en dégage (et qui se dégage de toute l'oeuvre du réalisateur d'ailleurs...

le 18 sept. 2015

7 j'aime

11