Motor Killer
3.6
Motor Killer

Film de Paul Winters (1989)

Il y a quelques années, je pensais avoir fait une affaire en dégotant Breakdown de Jonathan Mostow dans une pile de DVD à 1€. Mais je ne me suis rendu compte qu’après qu’il ne s’agissait pas du thriller auquel je pensais. Il faut dire que le visuel été totalement trompeur pour un DTV qui s’intitule en réalité Motor Killer, aussi connu sous le nom de Freeway Maniac. Si ce n’est pas une manœuvre habile et délibéré pour arnaquer les cinéphiles comme moi, c’est que je ne m’y connais pas. Je ne leur en pas voulu bien longtemps vu le nanar de haute volée sur lequel je suis tombé. Un de ces petits plaisirs coupable que je chéri particulièrement, le film figure d’ailleurs en bonne place dans ma bibliothèque depuis cette folle soirée d’été où nous avions picolés comme des trous devant, mon meilleur ami et moi. Ne vous y trompez pas, ce n’est pas le genre de divertissement que l’on regarde pour sa contribution exceptionnel au slasher mais bien pour ses pastiches rigolards, ses comportements irrationnels et séquences totalement absurdes.


Le film aurait pu s’apparenter à un copycat de Halloween rien qu’à son introduction avec ce jeune garçon perturbé zigouillant sa mère et son beau-père entrain de copuler ce qui lui vaudra une retenu par la case prison. Arthur n’a en revanche rien pour se différencier de Myers, pas de masque iconique ou de démarche emblématique, si ce n’est qu’il possède la faculté de retomber systématiquement sur ses pieds y compris lorsqu’il se jette d’un bâtiment de 20 mètres de haut. Son physique de body buildeur lui permet facilement de tuer des gens. De toute façon, il n’y avait pas besoin d’être un Terminator pour s’évader puisque la sécurité de son asile de fou est à peu près aussi coriace que celle d’un Ehpad. La brute de sanatorium va alors faire la connaissance d’une blonde écervelée en quête de notoriété qu’il va stalker tout au long du récit qui compile une succession de clichés et de scène raccordé entre elles permettant au scénario de tracer sa propre voie en alternant entre le slasher, le thriller routier, le survival voir le film méta, comme s’il n’y avait pas eu de ligne directrice et que le métrage s’était télescopé avec un autre en cours de route.


On ne sera donc pas surpris de retrouver le tueur à mainte reprise sur le chemin. La menace se voudrait omniprésente mais elle ne le sera jamais vraiment puisque Arthur sera abattu par un garagiste crapuleux qui souhaité lui aussi abuser de sa proie. Comme dirait l’autre « y a rien de plus chaud que le show business », et le film se perd sur le tournage d’une série bis science fictionnel aux mains d’un despotique producteur qui force ses techniciens à filmer plus de cul et de seins pour satisfaire les besoins des hommes que nous sommes. Il s’agit d’ailleurs d’une des rares bonnes idée du long-métrage qui nous permet de nous immiscer au coeur d’une production fauché et de ses dérives de coulisse qu’on ne voit jamais dans les making of comme le harcèlement sexuel exercé sur les actrices, les différents artistiques dérisoire, ou les revendications salariales d’un personnel exploité qui comme on peut le deviner ne sera jamais payé. Arthur de son côté s’évadera encore une fois avant de se rabattre sur des scorpions et un serpent qu’il va dévorer goulûment façon Bear Grylls en gueulant à la lune comme un lycanthrope. Ça m’a rappeler un documentaire TV où un patient qui se prenait pour Michael Jackson dans le clip Thriller passait son temps à exploser des portes ce qui avait le don d’exaspérer son médecin traitant.


Ceux qui espéraient voir un déluge d’hémoglobine en seront pour leur frais, une giclée tout au plus. À défaut, on aura quand même le droit à un magnifique lancée de canette suivi d’un tête à queue entre un camion et un pick-up, un massacre à la tronçonneuse filmé hors champ, et un rocher qui bouffe des gens. Sans surprise Arthur va se mettre à décimer l’ensemble du casting sans que personne ne se soucie réellement de lui. Et lorsqu’il mettra enfin le grappin sur l’actrice, il se fera méchamment rétamé sur le toit d’une soucoupe volante en carton pâte, par un mec plus fort que lui. Quels sont les motivations du tueur ? Comment as-t-il bien pu apprendre à conduire en passant sa vie en asile, pourquoi épargner une grand-mère mais tuer un tas d’innocent ? Où se situe la contribution de Stan Lee crédité au générique ? Un florilège de question qui provoquera son lot d’hilarité et d’incrédulité comme ces nombreuses ruptures de ton et faux raccord qui participe à le rendre d’autant plus sympathique auprès d’un public euphorique après quelques bières et une poignée de Bretzel. C’est à peu près tout ce que ça vaux. Une chose est sûr, c’est pas le Breakdown que j’ai connu...

Le-Roy-du-Bis
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le 15 sept. 2023

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