My Skinny Sister par tzamety

Premier long métrage de Sanna Lenken, la réalisatrice suédoise a fait ses armes via des courts métrages (Skallgång, Eating Lunch,... ) et des œuvres destinées à la petite lucarne ( Double Life, Yoghurt, ...).
En se positionnant aux côtés d'une jeune fille de 12 ans, l'auteure explore un sujet dur via le prisme de la sphère familiale.

Divisé en deux parties, l'œuvre prend le temps de nous immerger dans cette famille lambda où les sœurs sont en totale opposition autant sur un plan physique que mental. Le seul lien les unissant réside dans la pratique d'un sport où l'aînée excelle et la cadette désire imiter les exploits.
On suit ainsi avec légèreté la complicité des deux sœurs et leur place respective dans la famille. Les personnalités se dévoilent au fil des minutes. On découvre peu à peu certains détails, de primes abords insignifiants, égratignant l'image idyllique et mettant à mal nos premières impressions.
Le film basculera lorsque le secret éclatera et mettra en évidence les dysfonctionnements de l'éducation parentale prodiguée. À ce stade, la légèreté propre à la vision innocente de Stella laisse place à une réalité bien plus dramatique. Ce changement de traitement s'effectue progressivement en même temps que Stella comprend la gravité de la situation.
C'est lors de ce second acte que le temps passé au plus près des protagonistes se révèle payant. En effet, on s'attache rapidement à Stella et à sa famille. Les événements vécus nous émeuvent et il est courant de passer du rire aux larmes en deux scènes successives.

Bien sûr, cette empathie ressentie ne serait possible sans une bonne interprétation de la part des acteurs. À ce niveau, le casting est bon. La prestation de Rebecka Josephson est des plus juste. Elle rend son personnage très émouvant de par le choc provoqué entre l'innocence qu'elle dégage et la triste réalité dont elle doit faire face.

D'une durée courte, en comparaison de la plupart des longs actuels, l'œuvre est dynamique et ne ménage pas le spectateur. Chaque scène procure une sensation allant de la joie pure à la tristesse la plus dure. Un vrai rollercoaster émotionnel !

Après Eating Lunch, Sanna Lenken continue son analyse d'une maladie bien plus dévastatrice qu'elle n'y parait.
Avec My Skinny Sister, la réalisatrice accouche d'un premier long émouvant, traitant avec intelligence un sujet difficile. Une sacrée découverte, faite durant la 16e édition de l'Arras Film Festival, qui mérite qu'on y prête attention.