Nemesis
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Nemesis

Film de Albert Pyun (1992)

Y’a des fois comme ça où tu te dis « Et si je me faisais une petite série B fauchée des 90’s, avec un peu de chance je vais tomber sur un truc nanardesque et bien me marrer ! ». Alors tu plonges la tête la première dans ta collection un peu honteuse de ce genre de bobines, tu regardes un peu ce que tu y trouves… « Hum, Nemesis… ». Petit tour sur IMDB pour voir de quoi il s’agit… Albert Pyu à la réal… (Hey, Cyborg avec Jean Claude Van Damme, excusez du peu ! ^_^). Tu t’aventures sur le pitch… « Hum, un truc de SF à petit budget avec des robots, ça peut être rigolo. ». Quelques images plus tard, c’est décidé, ça sera donc Nemesis. Y’a des fois comme ça où tu te dis « Et si je me faisais une petite série B fauchée des 90’s, avec un peu de chance je vais tomber sur un truc nanardesque et bien me marrer ! », et tu te retrouves au final avec un chouette petit film !


On pourrait qualifier la filmographie de ce bon vieux Albert Pyun de « seconde zone » tant le bonhomme a œuvré dans le milieu de la série B voire Z, employant tous les acteurs « périmés » (Christopher Lambert, Steven Seagal, Charlie Sheen), en fin de carrière (Rutger Hauer, Lance Henriksen, Dennis Hooper) ou rappeurs (Ice T, Snoop Dogg) lui passant sous la main. Pourtant, si on s’intéresse un peu à sa biographie, Albert Pyun est un ancien assistant de Takao Saito, directeur photo d’Akira Kurosawa. Et lorsqu’on regarde Nemesis, on se rend très vite compte que, malgré le faible budget, il est très loin d’être un manche à la mise en scène. Mieux encore, certains passages sont visuellement extrêmement réussis, le bonhomme n’hésitant pas à taquiner du plan séquence plutôt osé, avec une maitrise de la steady-cam qui fera rougir bon nombre de réalisateurs. Et puis ah la la le bon vieux temps où il n’y avait pas cette image de synthèse parfois un peu trop envahissante, et que du coup, lorsqu’il fallait faire péter une usine entière, on la faisait vraiment péter, que lorsqu’il fallait faire s’effondrer une cheminée industrielle, ca se calculait au millimètre près histoire que les acteurs ne risquent pas leur vie…


Car oui, Albert Pyun ne lésine pas sur les moyens. Ca pète de partout, les amateurs d’effets pyrotechniques devraient être comblés. Il faut dire que Nemesis n’est pas avare en scènes d’action Courses poursuites, gunfights en tout genre. Si on passe outre le côté parfois un peu cheap dû au manque de budget et à l’esthétique très 90’s de la bobine, il faut avouer que ça cartonne pas mal. Les cyborgs sont criblés de balles, démembrés à grands coup de fusil à pompe, et on a beau dire ce qu’on veut, l’animatronic, ça a malgré tout toujours de la gueule. On ne le dira jamais assez, vive les SFX artisanaux ! Bon, j’avoue, le final en stop motion, ça a franchement très mal vieilli et donne à la scène un coté extrêmement kitch, mais quelque part, c’est ce qui fait le charme de ce genre de bobines.
Ces scènes d’action sont d’autant plus intéressantes qu’Albert Pyun ose pas mal de choses et pond sur pellicule des idées très rigolotes. Outre le gunfight en pleine glissade sur une sorte de toboggan géant du plus bel effet, c’est sans doute la scène où Olivier Gruner tombe d’étage en étage afin de s’échapper, arrosant le sol de balles afin de passer à travers, qui restera dans les mémoires. Ca dure environ 10 secondes, et pourtant plusieurs jours après visionnage, c’est LA scène qui arrive directement en tête lorsque je me remémore le film. On sent également l’inspiration du cinéma d’action de Hong Kong. Voir ce même Olivier Gruner, manteau long et lunettes noires, se jeter en arrière dans une pente, glisser sur le dos, tout en vidant le chargeur de ses deux flingues, nous renvoie forcément à Chow Yun-Fat dans Le Syndicat du Crime 2. Il faut dire que le film bouffe un peu à tous les râteliers et ne se cache à aucun moment d’emprunter / rendre hommage à des films tels que Terminator ou Blade Runner.


Alors bien entendu, tout n’est pas tout rose dans le merveilleux petit monde de la série B fauchée 90’s, et malgré un sérieux dans la mise en scène et une envie de bien faire, Nemesis se foire sur plusieurs choses et fait même quelques minis incursions dans le nanar. Olivier Gruner passe par tous les styles capillaires, osant même la coupe la plus ridicule possible pour un film : le mulet ! Mais si ce n’était que ça… Les méchants font littéralement exploser des bâtiments entiers avec 3 coups de fusils à pompe ; les personnages féminins sont parfois très indécis ; certaines punchlines frôlent le débile (Olivier Gruner, se balançant au bout d’une liane, vole une puce à de gros méchants en leur lançant un « Merci c’est sympa ! ») ; un montage parfois foireux comme par exemple le grand méchant qui se met à recharger, qui tire dans le plan suivant, et qui continue son rechargement le plan d’après, le tout en l’espace de 2 secondes ; ou encore un doublage français absolument génial, avec des accents appuyés au possible : « Ch’adore fous foir trafailler ».
Mais pourtant, Nemesis fonctionne à merveille. On se prend au jeu, en mettant les invraisemblances de coté, se délectant de ce spectacle certes basique au premier abord mais pourtant plus intelligent qu’il n’y parait en effaçant par exemple la notion de personnalité, avec ce personnage principal plus intéressant qu’à l’accoutumée dans une narration plus poussée que dans ce qu’on a l’habitude de voir dans ce genre de bobine.


Pour avoir pas mal œuvré dans la série B 90’s, je peux affirmer que Nemesis fait partie des fleurons du genre. Le film tient visuellement la route, c’est rempli de bonnes idées, et les scènes d’action sont réellement efficaces. Un très bon cru qui a sans doute reçu un très joli accueil à l’époque dans les vidéos clubs puisque trois suites virent le jour. A n’en pas douter, elles se retrouveront également prochainement chroniquées en ces lieux ^_^


Critique complète avec images et trailer : ICI

cherycok
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le 25 mars 2016

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