Parfois y en a marre, l’appartement que vous habités depuis des années ne vous plais plus, le voisinage vous exaspère, et comme si cela ne suffisait pas, voilà que le facteur s’invite chez vous pour pourrir vos toilettes. Jennifer envisage avec sa famille de décamper fissa d’ici, dans un coin plus propice à leur épanouissement commun. Alors que les préparatifs du déménagement vont bon train, une personne mal intentionnée lui dépose des photos compromettantes sur son palier, il semblerait que son mari se soit tapé la baby-sitter. Là s’en est trop, c’est la goutte qui fait déborder l’eau du bain. Et en parlant de ça Jennifer sent qu’il est temps de faire le point en faisant quelques ablutions dans la baignoire. Après s’être assoupit, elle se réveille au beau milieu d’une pièce remplie de cadavres en charpie, tandis qu’un bourreau arborant un masque de cuir lovecraftien l’invite à emprunter le chemin de la vérité tout en la fustigeant sur ce qu’elle s’est elle-même infligée. Une voie qui a tout d’un long chemin de croix, fait de supplices, de cris et de sanglots. Olaf Ittenbach entre-ouvre à nouveau les portes de l’enfer et de la damnation éternelle pour un cauchemar fantasmagorique qui sonne comme l’aboutissement de ses obsessions artistiques.


Après une première trilogie infernale placé sous le signe du gore et des forces du mal, Olaf Ittenbach s’est totalement imposé dans la nouvelle vague du Splatter allemand. Ses œuvres furent le plus souvent interdites et mutilés par la censure. Heureusement, le succès de ses premiers essais permirent leur diffusion dans le monde entier pour un public de niche, notamment par le biais du distributeur Uncut Movies pour nous autres français. Deux décennies après Black Past, No Reason ressemble à l’aboutissement de sa carrière d’auteur, puisque l’on y retrouve absolument tous les éléments jalonnant sa filmographie influencé par les œuvres de Lucio Fulci. Le ton y est résolument nihiliste, puisque Ittenbach choisi une fois encore de dépeindre la destruction d’une cellule familiale. Comme souvent, la narration est éclaté par l’emploi d’ellipses temporelles et de visions cauchemardesque ce qui rend le cheminement assez confus et c’est là justement tout le propos du cinéaste puisque l’on y suit la descente aux enfers d’une junkie à travers différents niveaux de réalité macabre. Chaque étage étant dominé par une couleur symbolique dicté par un bouquin de nécromancien. On repassera en revanche sur les monologues Malickien et le schématisme conceptuel pseudo arty pour se focaliser d’avantage sur la description de ce sous-sol de l’enfer, théâtres de multiples atrocités.


Passé les flots de sang et les corps démembrés du charnier, on se retrouve dans l’antichambre refoulé des cénobites de Hellraiser, entre tortures, déviances et délires gay sadomasochistes qu’on croirait parfois tirée du Rectum de Irréversible en version plus trash. Le 3ème niveau constitue une sorte de crypte habitée par des goules malfaisantes, des drogués défoncés au crack et quelques autres âmes damnées complètement destroy. Le parcours initiatique aboutira à l’illumination de Jennifer alors coincé entre la vie et la mort, une phase d’acceptation sur sa cavale meurtrière après avoir ingurgitée un cocktail de substances illicites. Une réalité dont elle s’est volontairement détournée, ce qui implique que tout ce qui nous avait été initialement introduit n’était dû qu’au déni affabulé par une aliéné dans le coma. C’est assez abrupt et expédié avec autant de finesse qu’un chargeur de pistolet dans le buffet. On regrettera également l'abandon de la DV qui donnait autrefois cet aspect si réaliste, sale et glauque à souhait. Ce n’est peut-être pas la consécration tant espéré de l’auteur de Premutos mais on ne va pas bouder notre plaisir. S’il fallait le résumer très simplement, No Reason, c’est le prolongement du climax de The Burning Moon étiré jusqu’à l’écoeurement.

Le-Roy-du-Bis
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le 7 juin 2023

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