Bien que Nony Geffen soit un jeune cinéaste au premier long-métrage, il n’a pu échappé au thème récurrent du cinéma israélien. Le conflit israélo-palestinien est encore présent dans un film. On le sent, on ne le voit pas. Avec ce film, c’est un héritage du cinéma de la fuite en avant. Bien qu’encré dans la période de conflit, le cinéma isréalo-palestinien continue à tourner la page. Et les personnages des films fuient une révolte, vont en avant vers la liberté.

Le personnage principal peut être l’image de toute une communauté. Un homme en crise laissant cours à ses névroses. A tel point qu’il ne contrôlera plus rien. Une femme qui quitte son boulot; une fille qui ne veut pas retourner chez elle, une mère qui demande à être tuer, etc… Tous les personnages sont en quête de liberté. Afin de ne plus faire partie de ce désespoir qui les entoure et les contient. Mais nous avons surtout ici une jeunesse. Et ces jeunes sont spontanés, dans leurs décisions et leurs actes. D’où la liberté de ton que prend le film.

Cette liberté de ton nous offre un aspect ludique vis-à-vis de l’histoire. Dans les pires situations, il faut positiver et ne pas perdre espoir. Cela passe par un individualisme qui allie beauté du geste, amour du désastre et énergie du désespoir. De là vient le genre du film. Nous avons là une comédie noire, totalement absurde et burlesque. Et grâce à cela, Nony Geffen crée plusieurs ruptures de ton. Elles lui permettent de garder le fil de son récit et de garder son spectateur en haleine.

On pourra quand même relever plusieurs scènes convenues. Notamment quand on arrive vers le dénouement, où les revirements de situations sont attendues. On atteint ici un niveau de classicisme qu’on peut retrouver dans toute romance à trois. Une personne croit tenir la chandelle, elle se casse. L’autre estime avoir besoin de temps, elle se casse. Et la troisième personne reste seule, avec ses désespoirs qui remontent à la surface. Même la scène finale est décevante. Car elle laisse l’histoire en plan, ce qui amène le spectateur à s’interroger sur ce que vont devenir ces personnages.

Le tout servi dans un noir et blanc. Un N&B qui sert bien les ruptures de tons. Mais surtout, une esthétique au profit de la comédie noire. Tous les personnes sont sur un pied d’égalité. Et l’absurde et le burlesque en prennent plus d’importance. Il faudra également noter le talent des membres du casting. Nony Geffen, aussi derrière la caméra, fait preuve d’une grande sagesse pour un tel personnage. Quant aux deux actrices Romi Aboulafia et Yaara Pelzig, deux pétillantes actrices dont le charisme et la grâce illuminent le N&B des images.
Quant à la réalisation, Nony Geffen se trouve vachement inspiré pour un premier long-métrage. Que ce soit dans ses mouvements de caméra ou dans le montage, il amplifie sa volonté de montrer une comédie. Avant de parler des drames qui entourent les personnages, le cinéaste veut rire et faire passer un bon moment. On pourrait qualifier le montage de sauvage, ou même la réalisation d’anarchique. Mais c’est toujours appréciable de voir de la poésie dans une comédie noire.

Finalement, Not in Tel Aviv est un film absurde, burlesque mais quelque peu chaotique. Le récit dispose d’une très bonne première heure. Mais le dénouement est d’un classique ennuyant. Même si la fin ne dit plus grand chose sur les personnages, ou même si cette fin ne sert plus le récit, il y a tout de même cette liberté de tons qui sauve tout. Une comédie noire qui se voit être dans l’héritage des films qui fuient une guerre moderne.

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Auteur : Teddy
LeBlogDuCinéma
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le 21 juin 2013

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