Le temps et la distance, éternels pires ennemis pour solidifier une histoire d'amour, surtout quand elle est encore à l'état de la gestation. Voilà, ce qui pourrait résumer la thématique de cette œuvre qui garde, malgré tout, une ambiance sereine de bout en bout.


Past Lives est le premier long-métrage de la réalisatrice Celine Song. Un long-métrage partiellement autobiographique étant donné que, comme la protagoniste, la réalisatrice a vécu les premières années de son enfance dans sa Corée du Sud natale, avant d'émigrer au Canada, avec ses parents artistes, pour finalement atterrir à New York et y épouser un écrivain.


L'ensemble est principalement composé d'une suite de conversations, entrecoupée quelquefois de longues ellipses temporelles, n'est pas sans rappeler le style d'un Richard Linklater... en moins frais et moins vivant...


En effet, ce n'est pas que je me suis fait chier... enfin, si, je me suis fait un peu chier..., parce que l'ensemble est assez superficiel.


D'accord, l'intrigue est censée se concentrer sur nos tourtereaux qui n'ont jamais eu la possibilité de concrétiser quoi que ce soit. Mais, merde, c'était une raison pour dédaigner autant les personnages secondaires ?


Le mari se contente d'être le type profondément épris de son épouse, jaloux, mais qui parvient toujours à maintenir un caractère raisonnable, tout en se voulant compréhensif. Et c'est tout. Il n'y a rien au-delà de cela. Cela n'aurait pas été utile pour le creuser, lui, mais aussi le personnage féminin principal (et le film en général !), de s'étendre un peu sur la constitution de leur couple, sur leur mariage, pour que l'on puisse mieux comprendre pourquoi elle reste avec lui ? Parce que, l'air de rien, c'est un élément essentiel du récit. Point bonus dans la frustration : en plus, j'ai trouvé, dans la portion congrue qui lui est offerte, que John Magaro est très bon, volant même complètement la vedette à chaque fois qu'il est dans une scène.


Et pour donner plus de corps au personnage principal masculin, cela n'aurait pas été mieux d'approfondir ses amis, la femme avec qui il a une relation ? À vrai dire, je trouve que le personnage principal masculin lui-même est négligé. Niveau durée d'apparition, on est loin de la parité. Soit, il aurait fallu qu'il y ait plus de séquences sur son existence en Corée, soit qu'il ne soit présent à l'écran que quand il est en contact avec l'objet de sa flamme (ce qui aurait pu être justifié par un choix de suivre exclusivement le point de vue de cette dernière !). Au moins, il n'y aurait pas eu un aspect bancal aussi visible que gênant.


Et, en toute franchise, je ne me suis pas attaché des masses aux deux êtres contrariés par le destin. Je ne demandais pas des cris, des larmes, de la passion dans l'expression des sentiments, loin de là, mais, bordel, c'est l'encéphalogramme plat. Ils sont mous, mous de chez mous. OK, la réalisatrice a pour ambition de ne pas exprimer l'intériorité d'une manière explicite, de laisser deviner, ressentir les pensées et émotions de chacun. Il n'empêche, pour vibrer avec une telle monotonie dans la voix, une telle absence dans l'expressivité, pour saisir, instinctivement, sans forcément pouvoir se l'expliquer, ce qui les fait tenir en dehors d'une nostalgie enfantine, on repassera.


Allez, pour être honnête, seules les deux-trois dernières minutes tentent d'être émouvantes. C'est un peu tard pour avoir le moindre impact de la part de ce film qui a provoqué chez moi qu'un ennui poli.

Plume231
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le 19 déc. 2023

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