Un plan-séquence ne suffit pas à faire un bon film

Pieces of a woman est un film loin d'être dénué de qualités. Tout d'abord, sa scène introductive mémorable, long plan-séquence d'une vingtaine de minute, montrant au spectateur en temps réel l'accouchement à domicile de Martha, qui se termine par une terrible tragédie : le décès périnatal du nourrisson. Cette séquence assez éprouvante est sans aucun doute la grande réussite du film. Elle marquera chaque spectateur grâce à son côté immersif et jamais-vu (même si le plan-séquence est aujourd'hui une norme tant elle plaît au public).
Ensuite, la prestation des acteurs est tout à fait remarquable : Vanessa Kirby, que j'ai découvert dans ce long-métrage, est extrêmement convaincante dans son rôle de femme se repliant sur elle-même pour se protéger de sa propre souffrance. Il en va de même pour Shia LaBoeuf, acteur talentueux qu'on ressent très impliqué dans son rôle, et pour tous les personnages secondaires gravitant autour de ce couple dysfonctionnel.
Enfin, j'ai apprécié les éléments symboliques du film, limpides et éloquents (à savoir, le pont en construction et la germination des pépins de pomme).

Malheureusement, ces belles qualités font en l'espèce office de cache-misère pour un film en mal de rythme, de dialogues percutants et de cohérence.

Passé la première demi-heure, le film s'enlise dans des scènes de dialogues (ou plutôt non-dialogues), qui ont pour seul objectif de montrer la détérioration progressive des relations de Martha avec ses proches. C'est tout. Ces scènes peinent à créer des enjeux et même pire, le fait de manière forcée et artificielle. Je pense ici notamment à l'intrigue concernant le procès de la sage-femme : il nous est martelé que c'est gagné d'avance, alors qu'il n'y absolument RIEN faisant démonstration de la culpabilité de la prévenue. Tout est monté de manière totalement artificielle sans aucun fond,

Un autre exemple de ce manque de substance narrative se trouve dans le traitement du personnage de Shia LaBoeuf : il est brutalement mis de côté à l'intrigue lors du dernier tiers du film, alors qu'il représentait jusque là le second personnage principal. Certaines de ses attitudes et actions laissent également assez dubitatif, notamment lorsqu'il

La construction narrative nous menant uniquement à des impasses scénaristiques, l'ennui et le désintérêt pointent pendant 90 longues minutes. Reste une oeuvre à forte charge émotionnelle, surfant habilement sur la tendance féministe actuelle. Elle est malheureusement dépassée par son gravissime sujet et ne semble pas chercher à atteindre d'autre objectif que d'être un film choc. Malheureusement, en tant qu'homme n'ayant pas connu la parentalité et ses craintes, difficile pour un spectateur comme moi de m'impliquer suffisamment dans le récit pour faire abstraction de ces nombreux écueils.