L'album est composé de sommets, dont Comfortably Numb constitue à mes yeux l'Everest, et de longueurs qui laissent à penser qu'il aurait été préférable de le raccourcir un peu. Car pour un album, même un album-concept avec une histoire intéressante, quatre-vingt minutes c'est long, trop long. Avec du synthé en quasi permanence, qui empêchent les musiques de se démarquer réellement les unes des autres d'un point de vue stylistique. Malgré tout, je l'ai écouté plusieurs fois, imaginant les images qui s'accordaient avec les musiques, les paroles, l'ambiance et globalement l'histoire de Pink en me laissant bercer au son du fameux The Wall et son atmosphère planante.
Alors j'avais peur d'être déçu. J'ai longtemps hésité à regarder le film car un film rend concret ce qui dans une musique laisse toutes les libertés d'interprétation du monde. Un album propose des sons, il faut s'y inventer soi-même les images qui peuvent être différentes pour tout un chacun. Et malheureusement le film aurait pu donner une interprétation qui ne concordait pas du tout avec la mienne ce qui aurait constitué une véritable déception. C'est aussi pour cela que je n'ai visionné des clips que quelques bribes pour me donner une idée du film. Et ça ne m'avait pas rendu véritablement enthousiaste.
Mais finalement, de nombreux mois après avoir complètement lâché The Wall, mis à part Comfortably Numb qu'il m'arrive de temps en temps d'écouter pour le plaisir, je me suis lancé... pour le plus grand bonheur de mes oreilles et de mes yeux.
Ce film est barge. Aussi barge que Pink, dans la tête duquel on est plongés tout le long. On a ce ton légèrement timbré dès le début du film, et celui-ci va fortement s'accentuer pendant l'heure et demi qui va suivre, suivant pertinemment la descente aux enfers de Pink jusqu'au procès mental qu'il s'inflige, véritable apothéose. Adieu les longueurs de l'album, on se laisse littéralement subjuguer par les images complètement déjantées, véritable méli-mélo d'hallucinations, de flashbacks, d'animations version dessin animé et bien sûr de réalités. Des réalités que l'on perçoit selon le point de vue de Pink, donc des réalités très exacerbées. Avec une pointe de psychédélisme, notamment au moment du solo de Comfortably Numb. Les images d'animation succèdent aux images caméra avec brio, elles sont véritablement parlantes et dans l'esprit du film, laissant peu de bénéfice au doute quant à l'interprétation que l'on doit en faire malgré le fait qu'elles soient une certaine représentation métaphorique de la réalité selon Pink.
Et obligatoirement on en vient aux musiques, car c'est la base somptueuse sur laquelle s'appuient les images. Elles permettent de suivre le fil conducteur, grâce à des paroles réussies made by Roger Waters. Et on prend son pied, c'est un régal de se laisser aller au son des morceaux du mythique groupe londonien. Another Brick in the Wall pt.2, Mother, Comfortably Numb, Happiest Days of our Lives, Goodbye Blue Sky, Empty Spaces, The Trial... chaque morceau a droit à son clip.
A noter qu'il est préférable, à mon avis, de connaître l'histoire avant le visionnage, pour apprécier à sa juste valeur cette superbe adaptation de l'album. Mais aussi parce que certaines choses ne sont pas réellement montrées en images mais plutôt sous-entendues ou effleurées, notamment le fait que Pink soit devenu une rockstar. Il est préférable, aussi, d'apprécier l'album sous peine de s'ennuyer un peu.
Pourtant pas touchant malgré son scénario dramatique, ce film mérite donc le coup d’œil pour toute personne appréciant Pink Floyd.