Les remakes de gros succès horrifiques, on connait. Y'a eu des surprises de taille qui ont égalé voire surpassé leur prédécesseur en comprenant le matériau d'origine et en y apportant ce qui manquait à l'époque. Les années 2010 ont d'ailleurs proposé quasiment que des remakes de cette trempe (détends-toi Sam Bayer, je ne parle pas de toi). Et y'a aussi des inutilités profondes incapables d'apporter un semblant d'originalité ou d'idée neuve, nous forçant à re-regarder l’œuvre originale. Poltergeist en fait partie.
Inoubliable moment de frissons accompagnés d'un portrait actuellement tendre de l'Amérique des eighties, officieusement réalisé par un Steven Spielberg impliqué jusqu'à la moelle, le film de Tobe Hooper reste aujourd'hui encore un film fantastique presque impérissable, gorgé de séquences mémorables et d'ingéniosité visuelle. Pourtant repris par le prometteur Gil Kenan (le jubilatoire Monster House et l'intéressant La Cité de l'Ombre), le remake reprend les grandes lignes du scénario de base, modifie des détails et chamboule l'ordre des scènes, ajoute des gadgets modernes mais oublie de nous épater, de nous en mettre plein les yeux, pire : de nous maintenir éveiller.
Car changer légèrement la personnalité des protagonistes reste légitime et moderniser le script pour l'adapter au monde numérique des années 2010 reste logique, mais proposer une mise en scène aussi paresseuse relèverait presque du sabotage, Kenan étant un réalisateur – on le sait – inventif. Le voir proposer des séquences aussi pauvres, aussi ratées et aussi prévisibles, privilégiant les jump scares faciles aux moments de terreur pure reste décevant, nous qui espérions que ce remake repousse un tant soit peu les limites visuelles que son prédécesseur avait offert il y a plus de trente ans. Au final, dire que Insidious est un meilleur remake de Poltergeist que cet étron artificiel ne serait que peu exagérer.