Téhéran, en  juin 2009 au lendemain de l’élection présidentielle usurpée. Une passion née, entre une femme et un homme,  la jeune femme de vingt ans est partisante de « la vague verte », ces journées se passent dans la rue. Quant à lui, il a la cinquantaine, et est enfermé chez lui par le poids des souvenirs.  Un écart de génération important, une opposition tranchante, le tout donne un amour bancal. Cette histoire se déroule chez lui, dans un  huit clôt intéressant, en effet les soubresauts de  la camera donnent de la vie dans ce cadre très stable. Un ensemble qui reste chaotique, trop de sujets sont traités. Il est probable que ce soit le résultat espéré par la réalisatrice au risque de perdre certains spectateurs. Cela reste captivant, elle nous tient en halène en créant un rythme particulier : un long passage un peu assommant  puis d’un coup un évènement bouleversant et ainsi de suite. Sepideh Farsi aborde d’abord la ressemblance des deux personnages ; ce sont les similarités qui au début d’une relation donnent l’impression de correspondance. Il y a donc ce parfum qu’ils touchent l’un après l’autre, puis le verre d’eau. La réalité de la vie extérieure les rattrape et la souffrance qu’il a vécue les empêche de progresser dans leur passion. Elle ne comprend pas son manque de considération pour cette manifestation, et lui est tiraillé entre l’espoir qu’elle lui transmet et la peur. Leur amour se meurt comme la pomme rouge dans laquelle elle a croqué, c’est un peu cliché me direz vous ; ce n’est pas faux mais il est possible d’interpréter autrement le vide qui s’installe, matérialisé lors du plan fixe où leurs deux mains se nouent puis elle part et laisse la main de Vassilis Koukalani démuni. Ces exemples peuvent montrer la baisse d’espoir qu’elle ressent. Tout au long du film elle inonde l’écran de bonne humeur et après s’être faite frappée, elle sombre dans les somnifères. La rose se fane, la pomme pourris, tout disparaît sous la violence du dehors, alors qu’ils sont enfermés dans un appartement. Ce film est brutale autant dans les images avec les passages extraits d’archives, que dans le travail sur le son qui nous mène plusieurs fois à sursauter. Un jeu d'acteurs qui porte le film, bravo à eux. Malgré une richesse dans la réalisation, je reste un peu sur ma faim ; j’aurai aimé que cette manifestation soit plus présente et non uniquement par les yeux de la femme, de plus j’aurai aimé avoir une fin plus réconfortante, qui porte à l’espoir. La réalité est surement bien trop difficile à accepter pour l’innocence et la naïveté qui découle de notre âge. Finalement l’aboutissement de ce mouvement « vert » est aussi pessimiste que cette fin. Il est cependant clair qu’il va falloir suivre Sepieh Farsi, en effet c'est plus  le scénario qui peut posait problème que la réalisation ou le montage qui d'ailleurs est particulièrement bien fait pour les passages aux images d 'archives.

BizareLateLine
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le 10 avr. 2016

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