Bon, ça y est, j'ai ENFIN vu Reservoir Dogs. Depuis le temps que je devais voir ce film. Je me souviens, on devait être en 2003 ou 2004, j'avais un copain qui avait l'ADSL et chez lequel on matait plein de films téléchargés. Je lui avait dit "purée, j'adore ce que fait Tarantino mais j'ai toujours pas vu Reservoir Dogs" et on devait se faire "une soirée Reservoir Dogs" avec un autre copain. On l'a jamais faites et je me rends compte que depuis que j'ai laissé trainer ce film dans un coin, t'as littéralement des étudiants en cinéma qui ont eu le temps de naitre
Bon, que dire ? C'est vraiment ce à quoi je m'attendais, à la fois de ce que j'en avais lu, des parodies de ce que j'avais vu et de ce que je sais du Tarantino de l'époque. La seule surprise vient du côté finalement assez fauché de l'ensemble (on ne montre pas la fameuse scène de braquage autour duquel le scénario tourne, 80% du film se déroule dans un seul et même entrepôt et à vrai dire ça pourrait être condensé en une scène de théâtre.) Pour le coup, on sent que pour Tarantino, dont c'était le premier passage en tant que réalisateur, c'était une manière assez safe de se faire la main : un film assez peu couteux (a la base, il voulait faire un film sur pellicule 16mm) sur lequel il peut se faire plaisir dans la mise en scène de certains passages (on a de la caméra tournoyante, des plans séquences et des scènes de fusillade) et déployer tout son univers.
Le film est limite un manifeste pour Tarantino et son cinéma. À commencer par les fameuses longues conversations sur la pop-culture et le fait de raconter des anecdotes idiotes (ce que tvtropes appelle les Seinfeldian Conversation:) qui trouve ici une origine pratique dans le sens où ces conversations amadouent la personne en face et offre une sorte de lien de confiance : "s'il me raconte ce genre d'histoire, c'est qu'il ne ment pas." Même le fait que la trame du scénario ressemble à celle d'un obscur film hong kongais EST manifeste du cinéma de Tarantino.
On trouve aussi le fait de mettre des bandes sons d'une autre époque (c'est même expliqué par Mr Blonde) un gimmick qui sera repris par de nombreux films... y compris les Gardiens de la Galaxie qui possède un morceau commun avec Reservoir Dogs (Hooked on a Feeling) On retrouve aussi le côté déstructuré du scénario : avec des flashbacks qui arrivent en plein milieu de l'histoire, des changements de points de vues, des éléments qui prennent sens après coup, etc...
Et puis évidemment, l'amour pour les histoires de gangsters, avec un mélange d'humour, de trivialité, de violence (la légende voudrait que Wes Craven le trouvait violent... ce que je trouve être un peu du foutage de gueule vu le film qu'il sortira quatre ans plus tard) et ces dialogues fleuris où l'on passe son temps à s'envoyer des fions (un film comme Usual Suspects va énormément reprendre cette tonalité a base de fuck et d'insultes sexistes.) Le tout servi par un casting de bons acteurs, a commencé par Harvey Keitel qui est idéal dans le rôle du "gangster neutre bon" (c'était un peu pour lui que le film a été écrit) et c'est sympa de voir le démarrage de la carrière de Steve Buscemi (qui avait presque une gueule de jeune premier) ainsi que celle (moindre) de Michael Madsen et Tim Roth.
Bref, c'est un peu le film qui va donner le ton des films de gangsters des années 90.