Leçon cinéphile adressée à tous les faux-culs prétentieux.

L'humour satirique et grotesque dans Robocop est une porte infectieuse pour laisser entrevoir autre chose que du pop corn pour petit garçon, une porte qui laisse un aperçu de cette société tyrannique et absurde.


Hop ! Comme ça ! D'entrée, je commence les hostilités ! Olé.


Alors, je préviens, ça va être un écrit réactionnel, j'en suis conscient - un écrit qui conçoit davantage la réaction comme une attaque en règle plutôt qu'une opinion subjectivo-défensive. Je n'ai pas pour usage de tendre l'autre joue car je sais pertinemment qu'il y a une dissension au sujet de ce film (comme sur de nombreux projets de Verhoeven).
Alors c'est certain, la suite de ce billet est... virulente et je conçois très bien que la lecture de ces critiques "aigries" n'est ni accueillante ni agréable.
Toutefois, j'espère avoir dépasser le stade de la simple réaction... car j'estime apporter des éléments d'auto-défense culturel pertinents.


Si vraiment le ton ne te revient pas, il faut bien prendre conscience que j'ai eu des attaques injustes, simplement, pour avoir défendu ce film.


En effet, certains snobs se branlent le bubon sur des The Wire et des films des pays de l'est tandis que ces mêmes individus ne sont même pas capables de percevoir que des films comme RoboCop font bien plus pour tout le monde que n'importe quelle oeuvre avec une vision purement auteuriste. Robocop fait bien plus qu'il n'en a l'air et ce serait justice et justesse de le souligner. Le "mainstream" est-il condamné à être jetable ? Conspué ? Le mainstream est-il un crime ? Robocop est-il mainstream d'abord ? Robocop lui va plus loin que des trucs qui passent dix heures à se reluquer le système et ce, avec une vision ultra conventionnelle assumée - le genre de "truc" qui fait beaucoup discuter les mouettes.


Attention, je ne dis pas qu'un The Wire ou un film polonais de 4 heures n'apportent rien. Seulement, le coeur de cible de ces objets culturels n'a clairement pas l'intention de viser large. Et moi, quand je perçois qu'un film vise large et qu'il m'apporte de surcroît - non pas une profonde réflexion mais - différents niveaux de lecture, métaphysiques (si si) ou politiques, je fais ma révérence, mon signe de croix et je le signale à ces messieurs-dames qui se font une opinion condescendante de la culture et, parfois, de l'histoire (cf ➊)


A présent, je vais justifier mon opinion de la culture pour tous, peu importe que cela me coûte des rires gras et malades. Je vais la justifier au travers de trois objections courantes qui pèsent sur Robocop (comme sur tant d'autres).


Première objection :
Robocop est manichéen, me dit-on.


Je réponds qu'il est épique et qu'il met en relief des intérêts entre spoliateurs et opprimés, un rapport que nous retrouvons dans la vie de tous les jours et ce, sans faire dans l'empathie. L'identification au héros est quasi absente et pourtant, l'attitude de la classe dominante vis à vis du bas peuple aliéné par le consumérisme et divers opiums me rappelle quelques attitudes irrévérencieuses en réalité. Juste de quoi faire l'observation de la question du "héros" dans un film, de ce Robocop en l'occurrence, cet espèce de pansement sécuritaire inutile.
Robocop, c'est à la fois la surenchère dans la violence humaine et la "bonne conscience" de la bourgeoisie à l'égard du monde.


Objection deuxième :
Le déroulement du film est ultraclassique, me dit-on.


Que ne faut-il pas pour que ces petits-bourgeois cessent de s'ennuyer ?
Oui, et c'est même la pâte à pizza la plus fondamentale de ce film : son classicisme et sa rigueur narrative archiconventionnelle. Ils amènent justement à passer au travers des mailles du filet de la culture dominante. Ces codes, il est utile de s'y conformer pour atteindre "l'autre rive", sinon... les plus concernés ne vous regarderont pas et, donc, ne considéreront pas RoboCop (par exemple) des décennies plus tard.
RoboCop n'est pas un objet pop et appartient bien à la culture de masse. Et pour autant, je défie ici le fait d'y trouver un film kleenex. Que le spectateur (surtout la spectatrice d'ailleurs) ne soit pas touché par RoboCop, c'est tant pis. Mais ne pas y voir comment ce film laisse son empreinte dans l'histoire, c'est autre chose en appréciation ! Aimer, c'est ce qu'il y a de plus beau ? Bah non, perdus mes chers Roméo et Juliette. Apprécier, c'est ce qu'il y a de plus juste.


Mais, continue de rire gras pendant que je m'évertue gracieusement, avec la souplesse d'un rossignol et la bonté d'un sécateur. Continue bien de rire car tu es pénible de mauvaise foi et de mépris.


Se méfier des apparences culturelles est une des loi de rigueur objective dans la culture cinéphile. Car justement, la trame narrative classique doit nous interpeller car c'est un film qui veut cacher son jeu et être ultravisible, un film qui veut être normal pour tirer vers le haut. Mais tous ces gens qui critiquent les cinéastes sous prétexte qu'ils font du cinéma populaire et débilitant devrait y regarder justement de plus près.


A l'origine, dans les comics, Robocop n'est pas du tout ce qu'en fait Verhoeven ! Mais tu n'as pas su le voir... Sans doute n'auras-tu pas dépasser le visionnage de quelques extraits, d'un oeil distrait - ou pire - tu préjuges sur la base d'une bande-annonce vue "par hasard".
Et nous pourrions discuter longuement encore de ce fameux hasard comme des mégères. Mais voici que point la troisième objection.


A la troisième et ultime objection :
Robocop est un film affectif. Si je l'aime, c'est que c'est sentimental, me dit-on.


Oust malheureux !
De manière plus personnel, Robocop et quelques autres films populaires (que ces mêmes films que ces autosuffisants aliénés congénitaux n'arrivent pas à intégrer dans leurs capitaux culturels) font partis de ces films qui sous-tendent un combat culturel plus vaste chez moi, chez d'autres, à savoir (➊) ne plus subir le mépris systématique et naturel des classes précieuses qui se font une haute opinion de l'art, ne plus subir ceux qui reprochent aux artistes de ne pas élever la conscience des gens avec des oeuvres digne d'intérêt... Si chaque film était historique au sens que ces personnes l'entendent, soyons certains que, dans leur pureté magnanime, ces personnes trouveraient encore le moyen de trier ceux qui laisseront une empreinte de ceux qui n'en auront aucune ! Je ne partagerai jamais cette vision-là. Oh ! Bien sûr, j'ai un peu de mal des fois... Mais ce que je sais, c'est que l'histoire n'est pas un concours du plus gros orgueil.
Vanité ! Vanité ! Vanité !


Hé bien, si RoboCop ne te plaît pas camarade, s'il n'entre pas dans tes goûts comme ta bite à la veille de l'hyménée, c'est qu'il convient de te poser de sérieuses questions sur ta cinéphilie pour que s'écroulent quelques cloisons de ta maison intérieure.




Pour celles et ceux qui veulent lire un article sur l'humour dans Robocop ou tout simplement approfondir et défendre cette vision que j'aborde, voici un petit billet sur ED209 : http://www.senscritique.com/liste/Le_grotesque/335712




Pour les trois pleupleus fan de C64 sur SC : http://www.youtube.com/watch?v=tfNxV87bKgM ; petit jump scare sonore et une compo merdique.




Et pour faire plaisir aussi aux fans de films des pays de l'est : http://cineclap.free.fr/robocop-1987/robocop-1987-a09.jpg?l537hz

Créée

le 10 déc. 2013

Modifiée

le 1 janv. 2014

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Andy Capet

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