Ryuzo 7
5.9
Ryuzo 7

Film de Takeshi Kitano (2015)

Quand j'ai commencé à m’intéresser au cinéma japonais, Takeshi Kitano a été l'une de mes portes d'entrées. Il m'a introduit dans son univers fait de yakusa, de contemplation et d'humour noir. Plus qu'un groupe social, c'était des hommes en perte de repère, au bord du gouffre qu'il arrivait à filmer avec une tendresse et une poésie que je n'ai jamais retrouvé ailleurs. 
Dans ce film, il y a encore cette tendresse envers les yakusa. Mais il y a aussi une critique d'une société japonaise qui tend à grandir avec ses films. Déjà dans *Outrage* et *Outrage Beyond*, j'avais eu cette impression qu'il ne s'attardait plus autant à décrire des hommes mais un groupe entier comme un seul et même individu qui lui se trouve au bord de sa propre extinction. Ici, l'individu (le groupe des yakusa) est représenté par 8 petits vieux qui recherchent une dernière fois l'excitation d'une vie vécu dans l'illégalité.
Le reproche le plus important que je pourrais faire au film c'est d'avoir été tourné ça comme une farce potache alors que le sujet en lui même est super intéressant. Qu'est ce que devienne les ancien yakusa à une époque où ce groupe a été totalement anéantis par le gouvernement japonais? Et qui les a remplacés? J'espère vraiment que Takeshi Kitano y reviendra d'une manière un peu plus sérieuse dans le futur.
Malgré tout, ce film n'est pas dépourvu d’intérêt si on essaye de creuser derrière une réalisation moyenne (bien en dessous de ce qu'est capable Kitano) et cet humour graveleux. Avec le temps, Kitano devient nostalgique, et donc il donne une vision fantasmé d'un monde de yakusa régi par un code d'honneur strict. Ceux qui les ont remplacés, ne sont que des voyous, des punks déguisés en PDG qui n'ont aucun code d'honneur et qui n'hésite pas à soutirer de l'argent à de pauvres familles. Son but est de montrer que l'on a remplacé des truands par des gens encore pire sans foi ni loi.
Et puis ce film, c'est aussi celui d'un mec fou de cinéma japonais, qui ici rend hommage à tout un genre par le biais de ces acteurs. Notons la présence de Ben Huira (*Goyokin* de Hideo Gosha) de Masami Kondo (*Les derniers samouraïs* de Kenji Misumi), Ken Yoshizawa qui a tourné dans plusieurs films de Kôji Wakamatsu et puis surtout de Tatsuya Fuji acteur inoubliable dans le merveilleux *L'empire des sens* de Nagisa Oshima. Et si il n'y avait qu'une raison de voir ce film, ça serait pour revoir cette gueule encore une fois.
Belane
5
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le 22 oct. 2016

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