Le refrain vous sera sûrement familier. Un déséquilibré multirécidiviste sort de prison quelques années après avoir tué une victime innocente avec la ferme intention de recommencer. Tel fonctionne les rouages du système judiciaire. Pour éviter que les prisons ne soient saturés, il faut bien réinsérer les individus dans la société. Tout le monde a le droit à une seconde chance, alors pourquoi pas les tueurs fous et sanguinaires ? Cela pourra vous très bien vous sembler aberrant, et pourtant l’histoire s’inspire d’un fait réel, celui de Werner Kniesek, qui fut libéré 8 ans après avoir assassiné une femme en 1973 avant de recommencer et de s’en prendre cette fois à toute une famille, ce qui ouvra à nouveau le débat sur le système pénal autrichien. En désespoir de cause, les criminels ne sont pas tous réhabilitable, c’est d’ailleurs le cas du tueur de Schizophrenia. Le film assume le parti dérangeant d’enfermer le spectateur à l’intérieur de ses pensées par des monologues pour le moins glaçant qui ne seront que les préambules à une nouvelle série d’assassinat.


Rien ne pourra toutefois légitimer ses actes, si ce n’est une enfance particulièrement difficile, une cellule familiale défaillante et un beau-père violent. Le fait est que le tueur n’agit que par pulsions obsessionnelles, et improvise au fur et à mesure de ses rencontres fortuites. Après avoir envisagé de s’attaquer aux clients d’un restaurant, il tente d’étrangler une conductrice de taxi avec ses lacets mais échoue cependant à aller au bout de son forfait et se retrouve abandonné au beau milieu d’une bourgade résidentielle. Il va donc se retourner contre les habitants d’une maison, notamment un homme handicapé qu’il va noyer dans l’eau du bain comme un bébé, avant de tuer sa mère par strangulation et de violer sa sœur qu’il va poignarder à mort devant son propre chien, un meurtre particulièrement long, abjecte et difficilement supportable pour le commun des spectateurs. Il faut dire que le récit se déroule en temps réel et que les mises à mort semblent avoir été captés sur le vif avec juste ce qu’il faut de confusion et de maladresse éprouvant d’avantage le visionnage. Le film n’emploie aucun artifice de mise en scène si ce n’est une musique électronique extra-diégétique de Klaus Schulze, dont les percussions à répétition ne font que renforcer le choc traumatique de l'expérience ainsi que la frénésie de ce tueur possédé par ses propres démons.


Le point de vue de l’agresseur ne se limite pas à son triple homicide, mais aussi à son rapport qu’il entretient avec le monde extérieur grâce à une caméra mobile qui rend l’environnement souvent instable, désordonné, voir même déformé à l’image de sa personnalité schizophrénique. L’objectif s’attarde la plupart du temps à démontrer les réactions, grimaces et expressions orgasmiques qui se dessine trait pour trait sur son visage à mesure de ses exactions. La sensation de malaise et de promiscuité en est d’autant plus renforcé que le long-métrage de Gerald Kargl n’est animé que par la voie monotone du forcené témoignant de ses agissement et de sa perversité. La cavale meurtrière sera néanmoins stoppé net suite à un bête accident de circulation. Le coupable n’a alors qu’une idée en tête, dévoilé aux mondes l'horreur de ses atrocités afin de se délecter de leurs réactions. Une fin sinistre et amère absolument dépourvu d’états d’âmes et qui en dit long sur le psychisme des cas les plus récalcitrants. On n'en sort pas indemne.

Le-Roy-du-Bis
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le 14 mars 2023

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Le Roy du Bis

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