Scream Girl
6.3
Scream Girl

Film DTV (direct-to-video) de Todd Strauss-Schulson (2015)

Bien content de constater, au visionnage de The Final Girls, que mon été 2001 à avoir assidûment suivi le marathon Jason Voorhees, sur feu Ciné Faz, porte aujourd'hui ses fruits en me permettant de pleinement savourer cet hommage aux slashers eighties en général et à cette franchise en particulier. Autant dire qu'en avoir vu 2-3 de cette décennie est hautement préférable pour mieux profiter de l'expérience (mais je ne m’inquiète pas une seconde pour la pop-culture horrifique de ceux qui liront ces lignes).


Soit la folle aventure d'une bande de jeune des 00's nous faisant une Danny Madigan puissance 5 au cours de la projection du bien nommé Camp Bloodbath, dans lequel jouait justement la mère de Max, la timide héroïne. Le Meta à son maximum donc, d'autant plus que l'équipe a poussée l'ironie jusqu'à confier le rôle à Taissa Fermiga, elle-même apparentée à une, si ce n'est scream queen, habituée (récente) des productions du genre.


Si Vera Fermiga ne joue pas sa mère au profit de Malin Akerman, moins liée à l'horreur, cette filiation chez les personnages du(des) film(s) apporte une touche d'émotion bienvenue (à petite dose) et efficace, bien qu'archi-simplifiée par le fait que Nancy, le personnage du film-dans-le-film, soit aussi sympathique et bienveillante que la "vraie" mère de Max (alors que 20 ans plus jeune et, surtout, fictionnelle), là où même les réels parents McFly avaient un travail à faire sur eux entre 1955 et 1985. Mais on n'est pas là pour philosopher.


Sur la forme, dès le premier travelling-en-grue-départ-arrêté le film m'avait dans la poche, pour ne me lâcher que lors de deux moments de palabre sérieux et quasi-successifs qui paraissent fatalement plus long qu'ils ne le sont réellement, car tranchant avec l'énergie, la drôlerie et l'inventivité du reste. En effet, en plus de proposer un scénario ludique (non sans tentative d'enfumage), le film s'offre la folie, dans ses moments d'action, d'une mise en scène fun avec mouvements de caméra à gogo (dont une façon de filmer les tonneaux que même James Wan n'a pas osé dans Fast n'Furious 7!), saupoudrés d'une poignée de plans méchamment iconiques, qui en jettent autant graphiquement (nonobstant la qualité très moyenne des CGI) qu'ils sont HS dans le contexte d'un slasher low-budget de 1986 (notamment l'utilisation d'une slomo trop 10's pour être honnête), mais on ne peut décemment pas reprocher au réalisateur de vouloir se faire plaisir, tout en soignant ses effets.


La filouterie sus-mentionnée concerne pour moi le traitement et la gestion du personnage de Nancy, toujours elle, essayant de nous la faire à l'envers en insistant lourdement sur le fait que, non, ce n'est pas la Final Girl de Camp Bloodbath, alors qu'à l'image, c'est tout ce que l'on voit et ce, dès les premières minutes, lorsque le palmarès de l'actrice qui joue le rôle la crédite en "Lead"... Les mecs, il faut savoir...


Une tentative de faire rentrer un carré dans un cercle pas forcément vaine puisque nourrissant quelque-part une sorte de fantasme geek: celui de pouvoir modifier le destin d'un personnage fictif dont on connait l'issue à l'avance. Intéressant et bien traité, plus que la plupart des autres persos du film, surtout les teens des 00's, qui n'ont, sortie de Max, pas grand-chose pour eux à part un certain potentiel commercial dû à leurs interprètes provenant de saga et série à la mode. Même le Randy Meeks de service ne m'a ici pas spécialement fait tripper, à l’exception du bêtisier à la fin, quand il se prête à une courte imitation sans rapport avec le ciné d'horreur, mais tombant à point nommé.


Nettement plus amusant, le contrepoids apporté par les personnages de fiction:
Si le Tueur de Camp Bloodbath est une copie-quasi-conforme de Jason plus qu'une parodie (à un masque et une origine, davantage Carnage, près), que l'attitude rebelle et rock n'roll de Paula (la seule du cast à ne pas avoir la trentaine en plus, quelle gâcheuse!) ne l'aurait en aucun cas sauvé dans un slasher 80's (de mémoire, la dernière à l'avoir tenté s'est retrouvé avec une guitare électrique dans la tronche... Final girl mes fesses) et que les auteurs pensent à faire ouvrir le bodycount par un personnage noir (Fun fact: Ce qui n'arrive dans aucun Vendredi 13), le meilleur du show est assuré par le duo Tina et Kurt, visiblement à fond dans leur délire (blonde un peu neuneu pour l'un, sportif bourrin et pas plus futé pour l'autre), l'interprète de la première ayant d'ailleurs elle-même improvisé son aguichante chorégraphie (sur du Hard FM étrangement anachronique de 4 ans. la première moitié des 80's ne manquait pas de bon hardeuh rock pourtant...) qui se terminera dans les limites d'un PG-13 que l'on aurait raison de trouver malvenu dans ce contexte, mais qui ne gâche en réalité pas trop la fête, même si avoir un Tom Savini sur le projet eût été un coup de maître, au lieu d'une contorsion en CGI encore une fois hors sujet et témoignant d'un certain manque d'inspiration quant aux mises à mort et au destin funeste de persos (pas tous) dont on se débarrasse trop rapidement à mon goût. Dommage pour ces quelques éléments qui ne sauraient altérer vraiment le plaisir de fanboy que l'amateur du genre pourra ressentir au visionnage de ce "Scream Girl" (son titre pour l'exploitation française, oui) à l'épilogue donnant l'envie de poursuivre l'aventure un peu plus longtemps.


Peu probable que The Final Girls atteigne les 11 épisodes avant remake, mais si un petit malin décidait de nous pondre un Billy VS Cinderhella entretemps, je n'imagine pas le film de fou que ce serait, à se faire griller la santé mentale. En attendant, profitons du premier film. Il n'est pas trop mal, je trouve.


Fun. Meta. Différent (quoique plus trop à force...).

Créée

le 14 oct. 2015

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Maybe-Life

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